Adoption : rechercher ses origines ?
Notre dossier sur les interrogations des enfants adoptés. Ils sont entre 2.000 et 4.000 chaque année. Savoir ou ne pas savoir qui sont ses parents biologiques. Autrefois, c'était souvent un tabou. Ces questions demeurent souvent à l'âge adulte, et resurgissent au moment où l'on devient soi-même pere ou mere. Voici deux témoignages touchants, deux soeurs d'une même famille. Elles n'ont pas la même vision des choses.
Ces deux soeurs viennent de deux pays différents. Elles ont été adoptées, petites, par la même famille. L'un a souhaité rechercher ses origines, l'autre ne veut pas savoir. Les parents respectent leurs démarches. Marie se les est posées des l'âge de 7 ans. Une femme à laquelle elle pensait parfois, même si elle était heureuse avec ses parents adoptifs.
On a ce conflit de se dire : est-ce que je peux penser à cette femme, ou est-ce qu'ainsi, je trahis mes parents.
Marie a été adoptée à trois mois. Son dossier comporte le nom de sa mère biologique, les photos de l'orphelinat, et celles de la rencontre à son arrivée en France. Au fil des ans, les questions se sont précisées.
Est-ce que ma mère me ressemble, est-ce que je ressemble à quelqu'un ? Est-ce qu'elle ne m'a pas oubliée ? C'était peut-être une angoisse.
A 28 ans, juste après son mariage, Marie fait des recherches approfondies au Guatemala. Grâce à un intermédiaire, elle retrouve sa mere en quatre mois. Elle reçoit des photos d'elle, et une lettre qui la bouleverse.
"Fille de ma vie, jamais oubliée. J'espère qu'un jour en Dieu tu me pardonnes. Maintenant je suis très contente, je ressens une grande émotion, et en voyant ta photo, mon coeur a éclaté dans ma poitrine. Tu seras toujours dans mon coeur et dans mes pensées. Prends bien soin de toi". Je suis toujours émue quand je la lis avec les photos, ça a répondu à toutes mes questions. Qu'elle me ressemble, qu'elle ne m'a jamais oubliée. Et qu'elle n'oublie pas ma famille car mes parents, ils sont là.
Est-ce qu'on a peur de perdre sa fille.
Je ne sentais aucun danger de perdre l'amour de Marie. Elle a tout de suite été notre fille, je ne me suis jamais sentie en concurrence. J'aurais plutôt eu peur de la souffrance de l'enfant qui retrouve une mère qui le déçoive.
Questionner le passé n'a jamais tenté la soeur adoptive de Marie. Même si, enfant, elle s'est posé des questions, lors d'émissions sur l'Equateur, par exemple.
Dans des reportages, oui: ça pourrait être ma mère, ma soeur. Mais sans que ça devienne quelque chose de gênant dans ma vie.
Adoptée à l'âge de 3 ans, Elvia n'a aucun nom dans son dossier. de son passé en Equateur ses parents ignorent tout. Après son arrivée, ils ont mis des mois à calmer ses angoisses.
Elle a des cicatrices sur le corps. Quand j'en parlais, j'évoquais plutôt un accident. La maltraitance, on n'a pas envie d'y penser.
Vous pensez qu'elle n'a pas envie d'aller gratter.
Mais nous, on n'a pas envie non plus.
Elvia et Marie ont toujours pu parler des origines avec leurs parents adoptifs. lls leur ont transmis leurs dossiers, les ont écoutées. Une chance POUF 09S soeurs de COGU l'.
Il n'y a pas eu du tout d'ambiguité ou de jalousie. Je n'ai pas la même histoire, donc je ne le ferai pas. Mais on ale projet d'y aller tous ensemble. Je veux qu'on rencontre ma famille ensemble.
Marie rencontrera celle qu'elle a baptisée "mama", et ses 4 nouveaux frères et soeurs. D'ici le grand voyage au Guatemala, elle se remettra a l'espagnol.
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