Affaire Cahuzac : Hollande a été alerté mi-décembre
Alain Zabulon, directeur de cabinet adjoint du président de la République, a témoigné devant la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac.
Un témoignage clé dans l'affaire Cahuzac vient d'émerger. Alain Zabulon, directeur de cabinet adjoint du président de la République, a affirmé, mardi 18 juin, qu'il avait prévenu le 15 décembre François Hollande de l'existence d'une bande enregistrée provenant de Michel Gonelle, avocat et ancien maire RPR de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), présenté comme "le corbeau" de Jérôme Cahuzac. Sur cet enregistrement figurait une voix attribuée à Jérôme Cahuzac, lequel avouait détenir un compte en Suisse.
Alain Zabulon était auditionné, sous serment, par la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac à l'Assemblée.
Que savait François Hollande ?
Voici ce qu'a déclaré Alain Zabulon à la commission. Après avoir eu Michel Gonelle au téléphone, "je vais voir le secrétaire général de la présidence à qui je commence à raconter (...). Pierre René-Lemas me propose d'aller dans le bureau du président de la République (...) Le président de la République est très attentif, demande ce que j'en pense. A la fin, il me dit : 'Si vous avez un nouveau contact avec M. Gonelle, dites lui que ces informations doivent être sans délai apportées à la connaissance de la justice', et ne me donne aucune autre instruction".
Au moment de cette conversation, le 15 décembre, le contenu de cette échange téléphonique incriminant le ministre du Budget est révélé par Mediapart depuis 11 jours.
Pourquoi ne pas être intervenu plus tôt ?
L'article de Mediapart révélant l'affaire date du 4 décembre, mais à l'époque, "ces informations sont très récentes. On leur apporte à l'époque peu de crédit. On croit en la bonne foi de Jérôme Cahuzac", précise Alain Zabulon.
En effet, l'exécutif a toujours dit vouloir laisser la justice faire son travail dans la sérénité, sans donner d'instruction, ni intervenir dans le dossier. Mais les éléments publiés par Mediapart n'auraient-ils pas pu le conduire à demander des investigations plus poussées aux services de renseignements ? Selon Le Canard enchaîné du 27 mars, l'Elysée disposait "depuis Noël" d'une note émanant du ministère de l'Intérieur affirmant que la fameuse bande sonore n'avait pas été"trafiquée", et que la voix était "proche de celle du ministre". Mais aucune décision n'a été prise à ce moment-là, indiquait-on en avril.
"Le président de la République ne m'a pas chargé de suivre à son cabinet ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Cahuzac. Il ne m'a pas demandé de passer des vérifications sur quoi que ce soit", a encore dit Alain Zabulon. A ce moment, "je m'interroge sur la crédibilité à accorder à ce récit (...) J'en arrive à la conclusion d'une forme d'instrumentalisation de la présidence de la République", indique-t-il.
A-t-il informé Bercy ?
Non. Le directeur de cabinet ajoute qu'il "n'a jamais pris contact avec les cabinets de Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, ni de Jérôme Cahuzac, ministre du Budget", selon Le Figaro.
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