Après les élections italiennes, la zone euro fébrile
Conséquences de l'incertitude politique : les Bourses chutent et l'Allemagne, la France et l'Espagne appellent l'Italie à former un gouvernement stable et à poursuivre ses réformes économiques.
Les Bourses européennes en berne, la zone euro sous pression... L'inquiétude est palpable chez les acteurs économiques européens, mardi 26 février, qui redoutent une paralysie politique en Italie, troisième économie de la zone euro, au lendemain des élections générales très serrées.
Les marchés craignent plus que tout une instabilité gouvernementale en Italie, pays en récession avec une dette colossale (plus de 120% du PIB). Cette incertitude politique pourrait signer le retour de la crise de la zone euro. Mardi matin, l'Allemagne, la France et l'Espagne ont appelé l'Italie à former un gouvernement stable et à poursuivre ses réformes économiques.
Les Bourses européennes décrochent
A Paris, la Bourse de Paris a ouvert en très forte baisse, à -3,24% mardi. Puis, le CAC 40 est légèrement remonté : il cédait 2,79% à 3 617,63 points à 9h08. Le secteur bancaire était particulièrement chahuté trois quarts d'heure après l'ouverture : BNP Paribas a perdu 4,78%, à 41,62 euros, Crédit agricole 5,02%, à 7,10 euros, et Société générale 4,98%, à 28,34 euros, comme le relève le quotidien économique Les Echos.
A Milan, l'indice vedette FTSE Mib chutait de 1,51% à 16 106 points cinq minutes après l'ouverture.
A Londres, l'indice FTSE-100 des principales valeurs a perdu 88,83 points dans les premiers échanges, soit 1,40% par rapport à la clôture de lundi, à 6 266,54 points.
A Francfort, l'indice vedette Dax a ouvert en baisse de 1,17% à 7 682,24 points, avant de perdre plus de 2%. Le MDax des valeurs moyennes a commencé la séance en repli de 1,30% à 12 970,2 points.
Madrid confie son inquiétude
José Manuel Garcia-Margallo, le ministre des Affaires étrangères espagnol, a exprimé mardi la "préoccupation extrême" de Madrid face à l'impasse politique issue des élections législatives italiennes, et a prévenu que l'ensemble de la zone euro pourrait s'en trouver affecté. "C'est un saut dans l'inconnu qui n'annonce rien de bon pour l'Italie ou pour l'Europe", a déclaré José Manuel Garcia-Margallo, exprimant notamment sa crainte quant aux fluctuations éventuelles des écarts de taux d'intérêts sur les obligations souveraines ("spreads").
Luis de Guindos, le ministre de l'Economie, a de son côté relevé que Madrid surveillait attentivement l'évolution de la situation. "Nous espérons la formation d'un gouvernement stable", a-t-il déclaré. "Ce qui est bon pour l'Italie est bon pour l'Espagne. En fin de compte, ce qui prévaudra, c'est la volonté politique de prendre les mesures nécessaires pour que l'Europe sorte de la crise."
Paris souhaite un "gouvernement stable et solide"
Les résultats "compliqués" des élections législatives en Italie "créent des difficultés" mais "ne remettent pas en cause les avancées de la zone euro", a déclaré mardi le ministre des Finances, Pierre Moscovici. Il a estimé que l'Italie devait "se doter vite d'un gouvernement stable et solide", appelant les responsables politiques italiens à "s'y atteler autour du chef de file de la coalition arrivée en tête Pier Luigi Bersani", candidat de la gauche à la présidence du Conseil.
Par ailleurs, le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, s'est quant à lui félicité de l'affaiblissement de l'euro entraîné par ce scrutin. "Les Italiens ont dit qu'ils n'étaient pas d'accord avec la politique imposée par les marchés", a-t-il dit à l'occasion d'une rencontre avec la presse économique. "Je pense que les peuples ne sont pas prêts à passer sous la table et c'est la démonstration italienne", a-t-il ajouté, pointant du doigt la politique de la chancelière allemande, laquelle "dicte le taux de l'euro" selon lui.
Berlin veut continuer les réformes
"Il est essentiel et dans l'intérêt de toute l'Europe que l'Italie se dote vite d'un gouvernement stable et opérationnel (...). Les responsables politiques à Rome savent que l'Italie a toujours besoin d'une politique de réformes, une politique de consolidation", a pour sa part indiqué le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle.
"L'Italie joue un rôle central pour résoudre avec succès la crise européenne de la dette. C'est pourquoi nous comptons sur le fait que la politique de consolidation et de réformes soit poursuivie de manière conséquente" par le prochain gouvernement italien, a ajouté le chef de la diplomatie allemande. "Quand il s'agit de la résolution de la crise de l'euro, nous sommes tous dans le même bateau", a-t-il souligné, insistant : "Il est important que chacun connaisse sa responsabilité pour l'ensemble."
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