Mali. Les islamistes ont évacué les grandes villes du Nord
Trois jours après le début des opérations françaises, francetv info fait le point sur la situation.
Pour combien de temps la France s'est-elle engagée militairement au Mali ? Pour l'instant, personne, y compris au gouvernement, ne semble le savoir. "C'est une question de semaines", a simplement avancé le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Aux yeux des autorités françaises, le plus important est d'avoir réussi à éviter que les rebelles islamistes ne poursuivent leur avancée du nord vers le sud du pays. Ils menaçaient notamment de faire tomber Bamako, la capitale, en quelques jours seulement.
Trois jours après le début des opérations françaises, francetv info fait le point sur la situation.
La France "bloque" la progression des islamistes…
L'intervention de la France au Mali a permis, selon les autorités françaises et maliennes, de stopper la progression des islamistes vers le Sud. Lundi, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a annoncé que les groupes islamistes armés avaient effectué "un repli" dans la partie est du Mali, mais qu'"un point difficile" pour les forces françaises demeurait dans la partie ouest, où elles font face à des hommes "extrêmement armés". "L'évolution de la situation est conforme aux orientations" du président de la République, "elle évolue favorablement", selon le ministre.
… et les pousse à quitter les villes du Nord
Les forces françaises se sont aussi attaquées aux bases arrière des islamistes. Dimanche, l'armée française a ainsi bombardé pour la première fois des positions islamistes dans le nord du pays, à Gao et Kidal, au cœur des territoires jihadistes. Quatre avions de combat Rafale ont notamment détruit des camps d'entraînement et des dépôts logistiques des groupes armés près de Gao, selon le ministère de la Défense. D'après plusieurs sources locales, plus de 60 jihadistes ont été tués.
L'armée française a continué à bombarder, lundi, les positions des jihadistes dans la ville de Douentza, à 800 km au nord de Bamako, mais les combattants islamistes avaient déjà fui la ville, selon des sources concordantes. Les combattants jihadistes, soumis à des frappes aériennes françaises, ont par ailleurs évacué les grandes villes du nord du Mali qu'ils occupaient, ont constaté des témoins sur place, cités lundi soir par l'AFP. Un porte-parole des islamistes évoque un "repli tactique".
"Les bombardements des Français ont mis en déroute les islamistes (...) ils ont des difficultés pour se regrouper et lancer des offensives", a déclaré un haut responsable de la sécurité du pays voisin du Burkina Faso. "Pour autant, les jihadistes ne sont pas vaincus. Ils résistent et ils vont résister jusqu'au bout en tentant d'ouvrir des fronts par petits groupes", a-t-il prévenu.
Les jihadistes contre-attaquent par l'ouest…
Des islamistes, menés par l'un des chefs d'Al-Qaïda au Maghreb (Aqmi), ont pris lundi la petite ville de Diabali, dans le centre du Mali, à environ 400 km au nord de Bamako, dans une zone contrôlée par les autorités maliennes. L'information a été confirmée par le ministre de la Défense sur BFMTV. "Ils sont venus de la frontière mauritanienne, où ils avaient été bombardés par l'armée française", a déclaré à l'AFP une source de sécurité malienne. Selon la même source, l'armée malienne a envoyé "d'urgence"un hélicoptère sur place. "Abou Zeid, l'un des chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, dirige lui-même les opérations. Ils ont quitté la frontière mauritanienne pour éviter les raids des avions français", a précisé une source sécuritaire régionale, qui confirme l'attaque contre Diabali.
… "bien équipés et bien entraînés"
Dimanche, en marge de ces bombardements, l'entourage de François Hollande a fait une surprenante confession. "A l'origine, on pouvait penser qu'il s'agissait de quelques soudards à bord de Toyota avec quelques armes", a reconnu un proche du chef de l'Etat auprès de l'Agence France-Presse. "Ils se révèlent en réalité bien équipés, bien armés et bien entraînés", a-il ajouté, notant que les groupes islamistes "ont récupéré en Libye un matériel moderne sophistiqué, beaucoup plus robuste et efficace que ce qu'on pouvait imaginer". Interrogé dimanche soir, Laurent Fabius a toutefois démenti toute surprise : "Non, on ne s'est pas laissé surprendre", a-t-il assuré.
Les rebelles touareg "prêts à aider" la France
Les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) ont affirmé, lundi, qu'ils étaient "prêts à aider" l'armée française à lutter contre les groupes islamistes armés du nord du Mali. Ils proposent de faire "le travail au sol", fort de leur "connaissance du terrain et des populations".
Le MNLA a probablement une revanche à prendre sur les islamistes qui contrôlent le nord du Mali. En avril, les Touareg avaient pris le contrôle de la région, qu'ils nomment Azawad, mais quelques mois plus tard, les islamistes les ont supplantés. Kidal et Tombouctou ont ainsi été pris par Ansar Dine et Aqmi. Et Gao, capitale du MNLA, est tombée en juin aux mains du Mujao, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest. Très affaibli, le MNLA s'était engagé, en décembre 2012, à cesser les hostilités et à négocier avec Bamako.
Etats-Unis et Royaume-Uni apportent leur soutien
Laurent Fabius s'est par ailleurs félicité que la France ait reçu, au cours du week-end, plusieurs soutiens internationaux. Même s'il n'est pas question de déployer "des forces britanniques en situation de combat", le Royaume-Uni a annoncé samedi un soutien logistique, avec notamment un avion C-17 pour transporter du matériel français jusqu'au Mali. Les Etats-Unis ont également apporté une aide logistique à l'intervention, en particulier dans le domaine des transports, des communications et du renseignement.
"Il est de notre responsabilité de pourchasser les gens d'Al-Qaïda partout où ils se trouvent", a dit le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta. "Il est également de notre responsabilité de nous assurer qu'Al-Qaïda n'établisse pas au Mali une base pour ses opérations en Afrique du Nord", a-t-il ajouté.
L'Algérie ferme sa frontière avec le Mali
L'Algérie veut "aider ce pays frère à surmonter les difficultés auxquelles il est confronté". Le pays a donc décidé de fermer sa frontière avec le Mali, a annoncé lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "Nous avons informé la partie malienne des dispositions prises pour la fermeture de la frontière", a déclaré Amar Belani. L'Algérie espère "une sortie de crise durable et une gestion apaisée de la transition". "Cette solidarité s'est traduite, depuis le début de la crise malienne, par une aide financière, humanitaire et par l'appui à l'armée malienne dans le renforcement de ses capacités pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé", a ajouté le porte-parole.
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