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Au PS, l'action d'Harlem Désir de plus en plus contestée

Plusieurs parlementaires, dont certains proches de l'exécutif, portent un regard très critique sur l'action du premier secrétaire.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, lors d'un conseil national de son parti, le 17 novembre 2012 à Paris. (MAXPPP)

Un peu moins de cinq mois après son élection à la tête du Parti socialiste, voilà déjà Harlem Désir contraint de rendre des comptes à ses camarades. En cause : des critiques, de plus en plus nombreuses, venues d'élus et de responsables du PS. Signataire d'une motion qui a réuni 5% des voix au congrès de Toulouse en octobre, Gaëtan Gorce a le premier ouvert le feu, jugeant "catastrophique" et "contre-productive" l'action du Parti socialiste, dans une interview au Figaro (article payant). "Le premier secrétaire est en permanence à contretemps : il n'est pas là quand nous en aurions besoin et inversement", tacle le sénateur de la Nièvre.

Sans surprise, il a pu compter sur le soutien du député parisien Jean-Christophe Cambadélis, qui a longtemps espéré prendre la tête du PS avant de se faire voler la vedette par Harlem Désir. "Je trouve que le Parti socialiste n'est pas à la hauteur du combat", déplore-t-il sur Canal+, regrettant que Désir n'ait pas lancé une "campagne nationale d'explication" de l'action du gouvernement. "Notre parti doit être plus offensif", estime dans Le Monde (article payant) le jeune député Gwendal Rouillard, un proche du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui presse Harlem Désir de "s'affirmer".

"Que le PS se fasse entendre sur des sujets de fond !"

Beaucoup regrettent que le PS mette le paquet sur le mariage des couples homosexuels, le droit de vote des étrangers et le non-cumul des mandats, plutôt que sur la lutte contre le chômage, par exemple. "Le PS doit davantage s'impliquer sur les questions économiques et sociales. Il y a un très gros travail de pédagogie à accomplir", juge le député parisien Christophe Caresche, joint par francetv info.

"Le Parti socialiste pourrait faire mieux, acquiesce sur LCP Olivier Faure, un député très proche de Jean-Marc Ayrault, dont il a été directeur de cabinet. Je souhaite que le PS se fasse entendre sur des sujets de fond, sur des sujets qui ne soient pas exclusivement sociétaux ! Et qu'il soit aux avant-postes, ce qu'il n'est pas toujours."

"Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas au PS", s'agace aussi le patron des sénateurs socialistes, François Rebsamen, cité par Le Figaro. Ministre de l'Agriculture et chef de file des "hollandais", Stéphane Le Foll a rencontré lundi Harlem Désir. "Il y a pour lui la nécessité de prendre la mesure de la situation globale et de fixer les objectifs de travail pour le PS", grince poliment celui qui a été le bras droit de François Hollande rue de Solférino pendant plus de dix ans, et à qui certains prêtent l'ambition de prendre la tête du PS lors du prochain congrès.

L'entourage de Désir balaie les critiques

Christophe Caresche refuse cependant de jeter la pierre à Harlem Désir : "Diriger un parti quand on est au pouvoir est une fonction très difficile. S'il soutient trop l'action du gouvernement, le PS sera taxé de parti godillot. S'il la critique trop, on l'accusera de semer la division. D'autant qu'il y a un problème de cohérence plus global, entre l'exécutif, les groupes PS à l'Assemblée et au Sénat, et le parti."

"C'est facile de renvoyer les problèmes vers le parti alors qu'il y en a aussi au sein du gouvernement, s'agace dans Le Figaro le conseiller politique d'Harlem Désir, Alain Fontanel. On demande à Harlem d'être en défense des mesures du gouvernement, mais ce serait plus facile de faire de la pédagogie s'il y avait moins de dissensions entre les ministres !"

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