Chez France Télécom, en 2006 : des départs "par la fenêtre ou par la porte"
Un document interne datant de cette année-là, révélé par "Le Parisien", accable la direction de l'entreprise, marquée par une vague de suicides en 2008 et 2009.
"Il faut qu'on sorte de la position mère poule. (...) Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé." C'est ce qu'aurait déclaré l'ancien PDG de France Télécom, Didier Lombard, dans un document interne de l'entreprise datant de 2006 et relayé mardi 7 mai par Le Parisien. Cette note témoigne de la violence sociale à l'époque au sein de l'entreprise marquée par une vague de suicides en 2008 et 2009.
Alors que l'enquête judiciaire sur les drames qu'a connus le groupe se poursuit au pôle de santé public du Tribunal de grande instance de Paris, le quotidien rend public ce fac-similé d'un compte-rendu d'une réunion d'octobre 2006 de l'Acsed, l'association des cadres de France Télécom. Objectif de l'époque : supprimer 22 000 postes, dans le cadre du plan Next, qui visait à réduire les effectifs entre 2006 et 2008.
Deux versions d'un même document
Selon Le Parisien, il existe deux versions de ce document. Dans la version originale, Didier Lombard indique : "En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte." Cette version a ensuite été édulcorée pour devenir "en 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre".
D'après le quotidien, la secrétaire de l'Acsed aurait indiqué aux policiers ne plus posséder la version originale car ses responsables lui auraient demandé de la détruire. Elle ajoute avoir pris elle-même l'initiative d'atténuer les propos tenus lors de la réunion. Le Parisien rapporte que les anciens dirigeants de France Télécom assurent n'avoir donné aucune directive pour détruire les documents et estiment qu'ils ne sont pas crédibles.
"Ces documents sont la transcription de la violence sociale que nous avons vécue et c'est ça qui est nouveau", commente de son côté Sébastien Crozier (CFE-CGC), précisant en avoir pris connaissance via la presse. Pour Frédéric Benoist, avocat du syndicat, partie civile dans l'enquête, "il y a beaucoup de documents qui figurent dans les dossiers d'instruction qui ont certainement été 'travaillés' par France Télécom". Selon lui, les juges d'instruction ont aujourd'hui "suffisamment d'éléments pour démontrer que les infractions" qui font l'objet des poursuites, c'est à dire le harcèlement moral sont "caractérisées".
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