Cinéma : pourquoi "Snowpiercer" n'est toujours pas sorti aux Etats-Unis ?
Le film a fait un carton en Corée du Sud et en France, en octobre. Mais le producteur américain Harvey Weinstein, qui détient les droits, exige des coupes dans le film avant sa sortie aux Etats-Unis. Ce que refuse le réalisateur, Bong Joon-ho.
L'incroyable saga du Transperceneige (Snowpiercer, en anglais) n'est pas terminée. Après huit ans de négociations, deux moutures du scénario et un an et demi de pré-production pour le réalisateur Bong Joon-ho, la sortie de l'adaptation cinématographique de la BD de Jacques Lob est bloquée aux Etats-Unis. Le film a pourtant fait un carton en Corée du Sud (où il est sorti en juillet) et en France, cet automne. Mais le producteur américain du film veut couper plusieurs scènes avant de le mettre à l'affiche dans les cinémas américains. Et il et se heurte au refus du réalisateur. Explications.
Un succès en Corée du Sud puis en France
Après avoir été repéré par Bong Joon-ho grâce à une édition pirate dénichée dans une librairie de Séoul, l'histoire imaginée par le Français Jacques Lob devient une coproduction internationale à 40 millions de dollars (29 millions d'euros). Le blockbuster est vendu dans 167 pays.
"Depuis sa sortie le 30 juillet, ce rail-movie où voyagent la Britannique Tilda Swinton, l'Américain Chris Evans et le Coréen Song Kang-ho, a été composté par 10 millions de spectateurs en Corée du Sud, un pays de 50 millions d'habitants", note Le Nouvel Obs. En France, Snowpiercer, le Transperceneige enregistre 272 262 entrées dès la semaine de sa sortie, fin octobre.
Le blocage du producteur américain
Promis à un bel avenir outre-Atlantique, le train est freiné dans sa course par son producteur, Harvey Weinstein. "Surnommé 'Harvey les doigts' de fées à force de raccourcir les films qu'il produit et/ou distribue", selon Premières, il souhaite couper 25 des 126 minutes du film pour une meilleure compréhension du public américain. "Les gens de la Weinstein Company ont demandé à Bong et son équipe de 'faire en sorte que le film soit compris aussi bien par des gens de l'Iowa que de l'Oklahoma'", écrit ainsi le journaliste de Premières, qui sort l'information début août.
"Pire, il voudrait rajouter des 'voice-overs' pour combler le vide, et faire écrire ceux-ci par son ami, le très glamour Neil Gaiman", renchérit Syfantasy.fr qui précise que ce dernier dément tout contact avec le producteur caractériel. Accessoirement, Harvey Weinstein détient les droits du film pour l'Amérique du nord, mais aussi pour l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l'Afrique du Sud.
L'obstination du réalisateur
"Le film est interdit au moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte, donc ce n'est pas un problème de violence. C'est juste un problème de durée et de tempo", a confié Bong Joon-ho à Vulture.com (lien en anglais). Et de refuser toute modification de son film en mettant de son côté "les très bonnes réactions" du public lors de la sortie du film en Corée du Sud et en France.
"Ils veulent le rendre plus clair mais, en même temps, j'aime aussi [le film] avec un peu d'ambiguïté", insiste-t-il. "Difficile d'imaginer qu'aucun élément de Snowpiercer soit complètement étranger aux spectateurs américains", assène Screenrant.com (lien en anglais) qui souligne que la langue originale du tournage est majoritairement l'anglais.
Selon Indiewire.com (lien en anglais), alors que la bataille des avocats continue de faire rage, Bong Joon-ho compte sur un assouplissement de la position d'Harvey Weinstein à l'approche du festival du film de Berlin, en février, pour lequel le film est sélectionné. D'ici là, aucune date de sortie du film aux Etats-Unis n'est fixée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.