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En images Dix héroïnes de jeux vidéo qui feront de vous un joueur féministe

Si elles sont peu présentes, les héroïnes à l'image positive ont réussi à rythmer l'histoire du jeu vidéo. Pour la sortie de "Rise of the Tomb Raider", francetv info vous livre son top 10.

Article rédigé par franceinfo - Estelle Walton
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Alors que 48% des amateurs de jeux vidéo sont des femmes, plus de 80% des personnages majeurs de cette industrie sont de sexe masculin. (AFP)

A l'occasion de la sortie française de Rise of the Tomb Raider, le deuxième volet depuis la refonte de la série, vendredi 13 novembre, francetv info vous invite à découvrir d'autres icônes de l'histoire du jeu vidéo. Chacune, à sa manière, a permis l'avènement d'une Lara Croft 2.0, comme nous l'explique Fanny Lignon, enseignante-chercheuse à l'université Lyon-I, qui a notamment dirigé l'ouvrage collectif Genre en jeux vidéo.

11981 : Ms. Pac-Man, la pionnière

Ms. Pac-Man, en 1981. (YOUTUBE.COM)

C'est la toute première héroïne de jeu vidéo. En 1981, pour "élargir leur public cible", les créateurs du célèbre Pac-Man lancent Ms. Pac-Man. Le jeu, bien plus élaboré, permet au joueur de mieux suivre les vilains fantômes dans des niveaux plus complexes.

Sauf que, comme l'explique avec sarcasme Fanny Lignon, "la seule manière de représenter une fille, c'était de lui coller un nœud rose, du rouge à lèvres et des longs cils". La route est donc encore longue.

21986 : Samus, la fille cachée 

Metroid, version 1986 et version 2015 (YOUTUBE / Wikipedia Commons)

Quelle n'est pas la surprise des joueurs d'arcade en 1986, lorsqu'à la fin du jeu Metroid, le soldat à l'intérieur de son armure n'est autre… qu'une femme ! Depuis, le saga a continué et encore une fois sexualisé le personnage de Samus Aran. Mais pour l'époque, c'est un grand pas en avant. "Mentionnons également le bonus où elle se retrouve en sous-vêtements", rappelle tout de même Fanny Lignon. 

32002 : Kate Walker, l'avocate tenace

Kate Walker dans Siberia I et II (Youtube / Wikipedia Commons)

Imaginé par le dessinateur français Benoît Sokal, Syberia 1 et 2 met en scène l'avocate Kate Walker partie à la recherche de l'héritier d'une usine d'automates.

Des Alpes françaises aux confins de la Sibérie, l'héroïne fait preuve de sang-froid et n'est pas mise particulièrement en valeur. Il convient d'ailleurs de préciser qu'elle est décemment habillée en fonction du climat, portant un gros manteau dans la toundra glacée.

42006 : Chell, la prisonnière ingénieuse 

Les personnages de Chell et GlaDos dans Portal I et II (Wikipedia Commons)

Dans Portal, jeu à la mécanique très innovante, le joueur incarne à la première personne Chell, une jeune femme prisonnière d'un centre scientifique désert où elle doit résoudre les puzzles proposés par une intelligence artificielle maléfique.

Ici, vêtue d'un uniforme de détenue, Chell n'est que très peu sexuée, et est d'ailleurs presque invisible du fait du jeu à la première personne. "C'est d'ailleurs un reproche que je ferais à Portal, remarque la chercheuse. Les femmes sont-elles si problématiques qu'elles doivent s'effacer derrière le joueur ?"

52007 : Bayonetta, la pin-up ironique

Bayonetta dans le premier opus du jeu sorti en 2008 (WIKIPEDIA)

Quand on la voit comme ça, juchée sur ses talons hauts dans des positions suggestives, on peut aisément penser que Bayonetta n'est pas la meilleure héroïne pour défendre la cause des femmes dans les jeux vidéo.

Mais Fanny Lignon explique que "la performance du genre par Bayonetta est tellement excessive qu'elle en devient une sorte de parodie". L'héroïne aux longues jambes serait donc une moquerie adressée à l'industrie. Cette dernière a peut-être entendu l'appel, car c'est à partir de cette période que les personnages féminins se multiplient.

62008 : Shepard, la combattante au sang froid

Le commandant Shepard au féminin, dans "Mass Effect 3" (à gauche) et "Mass Effect 2" (à droite). (YOUTUBE / WIKIMEDIA COMMONS)

Mass Effect, la trilogie à succès de BioWare, offre une opportunité peu ordinaire : au début de l'histoire, le joueur peut choisir d'incarner le commandant Shepard au masculin ou au féminin, ce choix n'ayant que peu ou pas d'impact sur l'histoire. Il peut également composer son équipe à chaque mission de façon mixte. Même si les tenues restent très sexuées, les aptitudes, elles, ne sont aucunement différentes.

"Ce qui me plaît, c'est le choix, insiste Fanny Lignon. Un jeu vidéo permet l'incarnation d'un personnage, de passer d'un caractère, d'un stéréotype à un autre. Les représentations sont multiples, c'est une très bonne chose."

72008 : Faith, la fugitive 

Faith, l'héroïne de "Mirror's Edge", peut courir aisément sur les murs de verre de sa ville futuriste. (YOUTUBE)

Dans Mirror's Edge, un jeu de plate-forme à la première personne, Faith est, pour Fanny Lignon, un "très bon exemple à suivre". Représentant la force sans aller jusqu'à la caricature, l'héroïne asiatique se déplace avec aisance dans son baggy et son débardeur noir. Elle est agile et discrète, mais sait également se défendre contre ses ennemis. Le prochain opus, qui doit sortir en 2016, est d'ailleurs très attendu par les fans.

82012 : Aveline, la meurtrière maniérée

Dans "Assassin's Creed Liberation", Aveline de Grandpré se bat comme son homologue masculin… mais peut aussi s'habiller en robe. (YOUTUBE / WIKIPEDIA)

La saga à succès des studios UbiSoft Assassin's Creed est une habituée des critiques fustigeant son sexisme. Parmi les quinze jeux de la saga, seuls deux permettent de redorer son blason en mettant en scène des personnages féminins. Ici, Aveline de Grandpré devra se frayer un chemin à travers le bayou de La Nouvelle-Orléans.

Point positif : son attirail d'assassin n'a rien à envier à ses partenaires masculins. Seul bémol : l'insistance sur le fait qu'Aveline peut changer de costume et ainsi "se faire discrète" dans l'environnement. "Quelle aberration ! tempête Fanny Lignon. Evidemment que les filles ont besoin de changer de vêtements et se montrent discrètes. Au lieu de combattre les stéréotypes, ce jeu les renforce."

92015 : Zarya, la madame muscles

  (YOUTUBE)

Dans OverWatch, un jeu de tir par équipe, vous pouvez choisir Zarya, un personnage aux saillants biceps qui n'a pas froid aux yeux. Ici, pas de sexualisation, juste de la force brute.

Bien sûr, on peut argumenter qu'elle se calque sur des modèles masculins. Mais elle reste quand même un modèle de personnage jouable qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Le jeu n'existe pour l'instant que dans sa version bêta et devrait sortir au début de 2016.

101996 à 2015:  Lara Croft, l'icône réinventée

En près de 20 ans, l'image de Lara Croft est passée d'une bimbo aguicheuse à une survivante pleine de ressources. (WIKIMEDIA COMMONS / Youtube)

C'est la plus emblématique de toutes. Fantasme de la pop culture pendant près de quinze ans, l'aventurière de Tomb Raider aux seins pointus et au minishort bien serré a finalement laissé place à une survivante à la psychologie complexe et à la plastique normale, qui préfère mettre une parka plutôt que d'afficher sa (toujours) voluptueuse poitrine.

"Il y a encore du chemin à faire, tempère Fanny Lignon. La plupart des personnages féminins ne font que se calquer sur des stéréotypes de force masculins. Ce que j'attends avec impatience, ce sont des personnages plus vieux, moins athlétiques, qui représentent mieux la société." Si tous les vœux de la chercheuse ne sont pas encore exaucés, la nouvelle Lara Croft,  grâce à une psychologie complexe et une modélisation raisonnée, a définitivement effacé son ancêtre stéréotypée.

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