Alexandre Desplat, musicien cinéphile
Au palmarès, il rejoint Maurice Jarre, Michel Legrand, Georges Delerue et Ludovic Bource (Oscar pour "The Artist") : le très fermé club des Français qui mettent en musique les films made in Hollywood . A sa huitième nomination (il figurait deux fois à la liste cette année), Alexandre Desplat est consacré en remportant l'Oscar de la meilleure bande originale pour "The Grand Budapest Hotel", soufflant la politesse à "Une merveilleuse histoire du temps" et son compositeur Johann Johannsson, donné gagnant.
C'est donc une surprise, mais elle ne bénéficie pas à un inconnu. A 53 ans, Alexandre Desplat est devenu l'un des compositeurs qui comptent dans l'industrie du cinéma, y compris aux Etats-Unis. Sur sa cheminée ou ailleurs, sa collection de trophées le prouve : Bafta, Golden Globe, Grammy Award, trois César sur "De battre mon coeur s'est arrêté", Ours d'argent à Berlin.
"Etre devant cent musiciens au pupitre avec le staff de la Warner et des producteurs qui attendent que vous les surpreniez, c'est beaucoup de pression "
Compositeur fétiche de Jacques Audiard, il est l'auteur d'une centaine de bandes originales de films, dont le dernier Harry Potter, sur lequel il avoue avoir quelque peu souffert : "Etre devant cent musiciens au pupitre tous les jours, debout pendant 9 heures, avec le staff de la Warner et des producteurs en cabine qui attendent que vous les surpreniez, c'est beaucoup de pression ". Après un début de carrière très franco-français au début des années 2.000, il dépasse les frontières avec "La jeune fille et la perle", en 2003 et "Birth" de Jonathan Glazer l'année suivante. Il travaille alors avec Roman Polanski sur "The Ghost writer", Stefen Frears ("The Queen"), George Clooney (pour "Monument men") ou David Fincher et devient l'une des coqueluches du milieu des compositeurs de musiques de films.
Premier musicien président d'un jury de cinéma
"Alexandre Desplat est un compositeur qui a une polyvalence et une capacité à se trouver aussi bien devant un Robert Guédiguian, que dans Harry Potters ou un Wim Wenders. Il a les clés, la capacité, la culture pour coller à un cinéma d’auteur, à un film de genre, de studio. J’ai le sentiment que pour lui chaque film est la récréation du précédent et du suivant ", estime Stéphane Lerouge, spécialiste des musiques de films et restaurateur de BO.
Un destin de rêve pour ce fils d'un couple franco-grec passionné de musique, qui se souvient avoir passé son enfance dans un "tourbillon musical ". Très tôt, sa passion pour le cinéma égale celle de la musique et il devient un cinéphile bien connu dans le milieu. Au point qu'il est jury au festival de Cannes en 2010 et surtout, président de celui de la Mostra de Venise l'an dernier, une première pour un musicien, et sans doute pas une dernière pour lui.
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