En pleine dérive autoritaire, la Pologne menacée d'être virée de l'Eurovision
Le pays est dans le collimateur de l'Union européenne de radio-télévision, organisateur du concours, après l'adoption d'une loi controversée sur les médias.
Dans le viseur de Bruxelles, la Pologne va-t-elle être privée d'une institution européenne ? Après une série de réformes controversées, dont une sur les médias, le pays pourrait perdre le droit de participer à l'Eurovision, rapporte le Financial Times (article payant, en anglais), mardi 12 janvier.
"Si les Polonais violent les statuts de l'Union européenne de radio- télévision (UER), nous aurons un problème avec eux", affirme le président de l'organisation, Jean-Paul Philippot, au quotidien économique. Le pays pourrait être mis à la porte de l'UER, et être de facto privé du concours de chanson réservé à ses seuls membres, comme l'explique le journal.
Le pouvoir politique reprend en main les médias publics
Le courroux européen est notamment lié à une loi, votée à la hâte le 30 décembre dernier, qui a fait expirer avec effet immédiat les mandats des membres des directions et des conseils de surveillance de la télévision et de la radio publiques, et confié le pouvoir de les nommer au ministre du Trésor polonais.
"Pour préserver l'intégrité et l'indépendance des médias de service public, symboles d'un pays démocratique et libre, nous vous demandons le plus vigoureusement possible de ne pas promulguer cette loi", avait écrit la directrice générale de l'UER, Ingrid Deltenre, en décembre au président polonais, comme le rappelle Politico Europe (en anglais).
La situation ne semble pas prête de s'arranger puisqu'un nouveau texte envisage désormais de licencier les personnels de la radio-télévision publique sous trois mois, en laissant le soin au nouveau management de choisir qui conservera son poste, précise le Financial Times.
Le nouveau patron de la télé polonaise hait Conchita Wurst
Si la Pologne persiste dans cette voie, et perd son ticket à l'Eurovision, il y a fort à parier que le nouveau patron de la télévision publique, Jacek Kurski, ne regrettera pas le concours, note Politico Europe. En 2014, il avait dénoncé la victoire du travesti barbu Conchita Wurst, qu'il avait qualifié "d'agression culturelle", "contre le principe de la famille polonaise".
Ce n'est pas de bon goût de voir un homme mettre une robe et ensuite se coller une barbe. Ce n'est pas regardable.
En cas de départ de la Pologne de l'UER, elle quitterait l'Eurovision sans jamais avoir remporté le concours en 18 participations. Le pays a pourtant tenté de marquer les esprits des téléspectateurs ces dernières années, en mettant en avant la poitrine généreuse de ses danseuses en 2014 ou en envoyant une artiste handicapée, en fauteuil roulant sur la scène, en 2015.
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