La circulation alternée est-elle efficace ?
Moins de particules fines et plus de PV. C'est - en plus de la spectaculaire chute du kilométrage de bouchons - en résumé le premier bilan de l'opération circulation alternée mise en place ce lundi à Paris et dans une vingtaine de communes de la petite couronne.
Qualité de l'air et PV : premier bilan de la circulation alternée
Airparif, l'association qui mesure la qualité de l'air dans la capitale, a noté qu'il y avait moins de particules fines dans l'air : "Dimanche, on avait prévu un dépassement du seuil d'information pour la journée de lundi. Pour le moment, on observe un peu moins de particules que
prévu ", a indiqué l'association. Les prévisions pour mardi font état d'une "nette amélioration ". Dimanche, ce seuil a été légèrement dépassé avec 51 microgrammes par mètres cube d'air. Des niveaux très nettement en baisse par rapport aux jours précédents, où le seuil d'alerte - 80 microgrammes - avait été dépassé.
Le chiffre exact de la qualité de l'air n'est pas encore rendu public. En revanche, la préfecture de police de Paris a publié celui des PV dressés ce matin dans la capitale et sa proche banlieue. Et là, il est en forte hausse. A 12H, selon la préfecture de Police, près de 4000 procès verbaux avaient été dressés pour non-respect de la mesure de circulation alternée. Pour l'occasion, les forces de l'ordre ont méticuleusement tissé un filet de fonctionnaires autour de Paris, avec 700 policiers mobilisés sur 60 points de contrôle.
Par ailleurs, le Stif, l'organisme régional qui chapeaute les transports en commun en Ile-de-France a également fait ses comptes. La gratuité des transports coûte quatre millions d'euros par jour à la région, et 2,5 millions à la RATP. Le président socialiste du Conseil régional, Jean-Paul Huchon, compte par conséquent demander à l'Etat de mettre la main au portefeuille pour compenser le manque à gagner. Pour lui, la circulation alternée est une "bonne mesure ", mais décidée "peut-être un tout petit peu trop tard ".
Pourquoi seules Paris et son agglomération étaient concernées ?
C'est
une question de procédure administrative. Les différentes communes de
l'agglomération parisienne sont organisées sur les questions de secours,
de sécurité et de transports pour agir ensemble. C'est ce
qu'elles font pour faire face aux risques de montée du niveau de la
Seine par exemple.
La circulation alternée prévue dans la loi sur l'air
de 1996 pourrait donc théoriquement s'appliquer ailleurs en France, sauf
qu'il faut mettre autour de la table rapidement
beaucoup d'acteurs. Mais le ministre de l'environnement Philippe Martin,
l'envisage. Il doit réunir dans les prochains jours les préfectures
d'autres zones concernées comme dans le Rhône mais aussi les élus, les
responsables des transports en commun, etc. La circulation
alternée c'est l'arme fatale. Mieux vaut éviter de la mettre en
place s'il n'y a pas de "plan B" à proposer aux usagers.
Y a –t-il des précédents ? Est-ce que c'est une mesure efficace ?
C'est une mesure
palliative. La circulation alternée dans l'agglomération parisienne ne
va pas, à elle seule, chasser les particules fines amené par l'industrie,
l'agriculture ou nos voisins européens. Mais
en ville, le trafic routier, en particulier des vieux véhicules diesel, en
est largement responsable. C'est donc une façon de ne pas en
rajouter. Finalement, il n'y a guère qu'un bon coup de vent ou la pluie
qui peuvent agir immédiatement pour faire tomber les
poussières en suspension.
En octobre 1997, la
circulation alternée avait permis de réduire le nombre de voitures de
20% et le vent avait fait le reste. Si bien que l'opération n'avait
duré qu'une journée. Ce qui est le plus
efficace pour faire baisser sur le fond la pollution c'est d'imposer des
normes progressives aux industriels pour que les voitures deviennent moins
polluantes, que les usines qui crachent moins de
fumée.
Dans les villes comme à Londres, Stockholm, ou Berlin, les péages urbains, les zones faibles pollutions où certains véhicules
sont interdits : voilà ce qui a améliorer durablement les choses. La France, elle voulait mettre en place des ZAPA : des zones d'actions
prioritaires pour la qualité de l'air. Près d'une dizaine de villes
voulaient tenter l'expérience mais quand il a fallu prendre les
décisions qui font mal - c'est-à-dire qui peut rentrer ou qui ne
pouvaient pas - il n'y avait plus personne.
Qu'est ce qui se passe mardi ?
La mesure prise ce lundi constitue un
test environnemental et politique. Mais il y aura de nouvelles annonces du
gouvernement dans la journée pour savoir si mardi cette fois les
automobilistes avec des plaques avec un numéro pair
pourront rouler ou pas. Les prévisions de la qualité de l'air sont
encore plus aléatoires que les prévisions météo. Pour ceux qui
voudraient rouler demain une solution : faire la danse de la pluie.
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