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Budget 2018 : Salariés, retraités, fonctionnaires... Ce que la baisse des cotisations salariales va changer

Présenté mercredi en conseil des ministres, le projet du budget 2018 intègrera la baisse des cotisations pour donner plus de pouvoir d'achat aux salariés du privé. La mesure divise les gagnants et les perdants.

Article rédigé par Célia Quilleret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La baisse des cotisations va donner plus de pouvoir d'achat aux salariés du privé, mais passe par une hausse importante de la contribution sociale généralisée qui touche notamment les retraités. (MAXPPP)

C'est le Jour J pour le premier budget du quinquennat d'Emmanuel Macron. Le gouvernement doit préciser, mercredi 27 septembre, les arbitrages de son projet de loi de finances pour 2018 avec un objectif très net : réaliser 16 milliards d'euros d'économies. Le budget de la Sécurité sociale, lui, sera présenté jeudi. 

Ces deux textes permettront d'appliquer plusieurs mesures phares du programme du président de la République, notamment la baisse des cotisations pour donner plus de pouvoir d'achat aux salariés du privé, une mesure qui divise particulièrement car elle passe par une hausse importante de la contribution sociale généralisée (CSG) qui touche notamment les retraités.

Les salariés du privé, grands gagnants

Avec cette mesure, tous les salariés du privé vont être augmentés et cet effet est parfaitement assumé par le gouvernement. Ces augmentations vont crescendo selon le niveau de salaire. Pour une personne au smic, soit environ 1 500 euros brut par mois, la hausse sera de 250 euros nets par an. Pour un très bon salaire, à 4 000 euros brut par mois, cette mesure fera gagner 700 euros de plus par an. Une personne qui gagnerait 10 000 euros bruts par mois bénéficierait de 1 800 euros nets de plus chaque année. 

Emmanuel Macron veut que le travail soit récompensé, il supprime donc progressivement les cotisations chômage et maladie sur la feuille de paie des salariés. Cette baisse se fera en deux fois : en janvier et à l'automne 2018. En échange, le chef de l'État augmente la CSG de 1,7 point au détriment notamment des retraités.

C'est un changement total de système qui séduit évidemment les salariés, à l'image de ce cadre dans la banque, pas mécontent que les retraités soient davantage taxés : "Il ne faut pas oublier que ceux qui sont retraités aujourd'hui ont vécu les Trente Glorieuses, ils ont eu le plein emploi, ils ont vraiment eu l'État-providence ou des conditions idéales pour leur travail. Aujourd'hui, c'est différent. Pour moi, c'est une sorte de mesure de solidarité que je trouve juste entre les retraités dont le revenu moyen est quand même très important quand on le compare aux jeunes travailleurs [pour qui] c'est un peu compliqué."

C'est vraiment une mesure de solidarité qui récompense le travail et, surtout, qui vient prendre sur une assiette plus large : il n'y a pas que les retraités, il y a aussi tous les revenus financiers.

Un cadre du secteur bancaire

à franceinfo

En effet, la CSG est un impôt qui s'applique à tous : salariés, indépendants, retraités, comme aux revenus du capital. Mais, tous les salariés ne sont pas aussi enthousiastes. 

"C'est une bonne mesure, ça va développer un peu plus le pouvoir d'achat, donc ça va contribuer à accélérer peut-être la reprise, estime l'un d'eux. En revanche, de l'autre côté, avec cette augmentation de CSG qui va toucher tous les revenus du capital, et en particulier les retraités qui sont aussi des consommateurs, ça va venir aussi réduire cette masse de pouvoir d'achat qu'on va amener sur le marché. Donc, je ne sais quel va être véritablement le résultat économique. Symboliquement, je pense que c'est très important."

Les retraités, un sentiment d'injustice

De leur côté, les retraités ne comprennent pas vraiment cet effort. Pour eux, il n'y aura pas de compensation, c'est la logique de cette réforme. Cette hausse de la CSG va concerner les retraités qui touchent au moins 1 200 euros de retraite par mois pour une personne seule, ou 1 700 pour un couple. Ils perdent au minimum 240 euros nets par an et la perte peut aller plus loin.

"Aujourd'hui, les mesures paraissent tout à fait inéquitables. C'est vrai qu'il y a un sentiment d'injustice énorme. On est en train de punir les retraités", déplore cette retraitée du privé. Certes, elle a une pension confortable avec son mari, mais à eux deux, ils vont perdre 1 200 euros par an. 

Ce qui nous gêne dans tout ça, c'est que c'est toujours la même catégorie de personne chez qui on vient chercher l'effort.

Une retraitée du privé

à franceinfo

"À côté de ça, il y a de nombreuses mesures qui favorisent les beaucoup plus riches que nous, poursuit-elle. Parce qu'on ne paie pas l'impôt sur la fortune. On a juste un patrimoine constitué par 42 ans de travail". Elle l'assure, elle "dépensera moins" pour les loisirs ou les voyages eta ira directement dans les caisses de l'État, mais pas dans l'économie."

Les fonctionnaires, entre inquiétude et colère

Sur le papier, les fonctionnaires n'y verront que du feu puisque la hausse de la CSG doit être compensée. Or, pour le moment le mécanisme -indemnité ou autre- n'a pas été précisé et cette compensation ne concernera pas les nouveaux recrutés. Les fonctionnaires sont donc, au minimum, perplexes.

Certains sont même en colère car ils ont l'impression d'être laissés de côté. En effet, leur point d'indice, qui sert de base au calcul de leur salaire, va être gelé en 2018. "On gèle de nouveau nos salaires gelés déjà entre 2010 et 2016 et là, il n'y aura pas de compensation, déplore une enseignante parisienne. On peut risquer aussi des hausses de cotisation différentes, de retraite, qui vont sans doute intervenir."

On attaque aussi la fonction publique en ce moment. On est quand même très inquiets.

Une enseignante parisienne

à franceinfo

Cette enseignante sera en grève le 10 octobre avec tous les syndicats de fonctionnaires, du jamais vu depuis dix ans. Quant aux retraités ils défileront jeudi 28 septembre après-midi, jour de présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

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