Guyane : les maires vont exhorter Emmanuel Macron à mettre un "coup d'accélérateur" sur la distribution des aides
Pour le président de l'Association des maires de Guyane, David Riché, "aujourd'hui, le retard est tel qu'on ne peut pas, on ne peut plus, attendre" la distribution du fonds d'urgence.
Six mois après les mouvements sociaux en Guyane, le président Emmanuel Macron rencontrera les 22 maires de la collectivité, jeudi 26 octobre à 19h (heure de Guyane - minuit, heure de métropole). David Riché, le président de l'Association des maires de Guyane, exhorte le président à "mettre un coup d'accélérateur sur les accords de Guyane". Sur franceinfo, il affirme que les Guyanais n'ont "pas l'impression d'être traités réellement comme des vrais citoyens français".
franceinfo : Qu'allez-vous dire au président ?
David Riché : Nous pourrons lui parler des problèmes vitaux que nous subissons en Guyane. On voit bien que cette visite est sous l'auspice des régions ultrapériphériques. C'est bien, mais aujourd'hui ces régions-là ont dix pas d'avance sur la Guyane. Je crois qu'il est temps qu'on s'occupe vraiment, réellement, de notre situation qui devient vitale. Les accords de Guyane, c'est ce qu'on va lui rappeler aujourd'hui. Cela avance, mais pas assez. On veut du concret, aujourd'hui. C'est simple : si je fais un AVC tout de suite en vous parlant, on ne pourra rien faire d'autre pour moi que de me mettre en forme pour prendre l'avion pour aller soit en Martinique soit sur Paris. Ce n'est pas normal. On doit être traité comme un Parisien, comme un Bordelais, dans un hôpital normal. Tout cela prend du temps. C'est vrai que cela avance, petit à petit. Mais aujourd'hui, le retard est tel qu'on ne peut pas, on ne peut plus, attendre. Pour nous, c'est important d'avoir le président face à nous, les yeux dans les yeux, pour qu'il puisse nous dire 'oui' ou 'non', quels délais. Parce qu'on ne peut plus supporter cela, reporter des chantiers à 2022, 2025... On n'en peut plus.
Pour son premier déplacement programmé dans les DOM-TOM, le président a choisi la Guyane. Est-ce bon signe, selon vous ?
Oui, moi je l'accueille bien. Je n'ai pas d'a priori sur Emmanuel Macron ou un autre. Ce que je déplore, c'est quand même son programme très axé sur les régions ultrapériphériques et un peu sur le centre spatial. Nous, on a besoin qu'il vive notre réalité. Il aura, pendant une heure, 22 maires face à lui qui lui diront : 'voilà, président, ce que subit la population. Voilà, notre président de la France, ce dont on a besoin, nous, en Guyane. Aidez-nous à mettre un coup d'accélérateur sur les accords de Guyane'. Aujourd'hui, on est encore loin du compte. Je ne parle même pas du plan supplémentaire de deux milliards... On vient nous parler des Assises des Outre-mer, c'est encore un plus, peut-être qu'ils iront gratter certaines autres mesures. Mais aujourd'hui, sur ce qui est déjà signé, déjà, faites-le. Faites-le, et ensuite on en discutera.
Est-ce qu'une partie des sommes prévues dans le fonds d'urgence est arrivée, par exemple pour votre commune, Roura, au sud de Cayenne ?
Non, pour ma commune, non. Les communes de Guyane n'en ont pas beaucoup bénéficié, mis à part pour les écoles. C'est surtout la collectivité territoriale. Mais malheureusement non, je dois vous répondre que les fonds ne sont certainement pas arrivés comme on le souhaiterait. Et surtout, ce que l'on souhaite au-delà des fonds, au-delà des chiffres, c'est vraiment des constructions qui puissent commencer. Que l'on puisse réellement mettre un arrêt brutal à cette immigration que l'on subit, cette violence que l'on subit, parce que nos jeunes n'ont pas de travail, et n'en auront pas. Il n'y a aucune perspective. La Guyane, c'est 90 000 kilomètres-carrés, c'est deux grands fleuves qu'on a en frontière avec le Brésil et le Suriname. Ce que ne comprennent pas les gouvernements successifs, c'est que la Guyane est un cas vraiment à part de la République. On est en République française, mais on n'a pas l'impression d'être traité réellement comme des vrais citoyens français. Je vous faisais part de la santé, mais c'est pareil pour nos écoles. Vous trouvez normal que chaque année, on n'ait pas assez d'écoles, pas assez de lycées, pas assez de collèges, parce qu'on a une démographie qu'on ne connaît nulle part ailleurs, mis à part peut-être à Mayotte ? On est classé 7e au rang mondial de la démographie.
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