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Quatre graphiques pour mieux comprendre la pauvreté en France

L'Insee publie son ouvrage annuel sur les revenus et le patrimoine des ménages. Les données montrent un niveau de vie qui stagne, et une pauvreté qui gagne du terrain.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une femme s'inscrit aux Restos du cœur, à Nice (Alpes-Maritimes). En 2011, 14,3% des Français vivaient sous le seuil de pauvreté (977 euros par mois). (ERIC GAILLARD / REUTERS )

C'est un constat attendu que dresse l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans son ouvrage Les Revenus et le patrimoine des ménages, publié mercredi 2 juillet : le niveau de vie des Français a légèrement baissé en 2011, année sur laquelle porte l'étude, et stagné de manière générale depuis 2008. Le niveau de vie médian s'élevait en 2011 à 1 630 euros par mois, ce qui veut dire que la moitié des ménages français se situaient en dessous de ce seuil.

L'Insee constate le creusement des inégalités de niveau de vie entre les plus riches et les plus pauvres, et dresse un portrait détaillé de la pauvreté en France. Francetv info se penche sur quatre chiffres révélateurs de cette étude.

Le patrimoine, clé du haut niveau de vie des ménages aisés

Les Français les plus aisés étaient à contre-courant de la baisse globale du niveau de vie en 2011. Pour eux, il a progressé de 2,2% sur un an. La hausse a même atteint 8% pour les très aisés (une personne sur 10 000), estime l'Insee. Pour l'institut de statistiques, cette situation privilégiée s'explique par la hausse des revenus issus du patrimoine. Ils représentent une part bien plus importante des revenus des ménages à haut niveau de vie par rapport à tous les autres, comme le montre ce graphique qui détaille les revenus des Français par tranche de 10%, des moins aux plus aisés.

La pauvreté en forte progression depuis 2008

En Europe, on considère que la pauvreté commence en dessous de 60% du niveau de vie médian (1 630 euros par mois en 2011). De plus en plus de ménages passent ce seuil fatidique chaque année, affirme l'Insee, qui estime que le taux de pauvreté s'élevait à 14,3% de la population totale en 2011, en forte hausse depuis 2008. Une situation qui s'explique par une pauvreté de plus en plus durable, explique le rapport : 50% des pauvres en 2010 l'étaient toujours en 2011, et 30% des personnes qui tombent dans la pauvreté y restent au moins trois ans.

Une pauvreté inégalement répartie sur le territoire

L'Insee relève des disparités importantes du taux de pauvreté selon les régions. Un gouffre sépare le Nord-Pas de Calais et le Languedoc-Roussillon, qui comptent respectivement 19,7% et 19,6% d'habitants pauvres, de la Bretagne et des Pays de la Loire, qui en dénombrent 11,5% et 11,6%. Une répartition qui cache cependant des inégalités internes aux régions : l'Insee rappelle ainsi que l'Ile-de-France abrite à la fois les deux départements accueillant le moins de pauvres, Paris et les Hauts-de-Seine, mais aussi celui qui a le plus fort taux de pauvreté à l'échelle nationale, à savoir la Seine-Saint-Denis (24,8%).

Beaucoup plus de pauvres salariés que chômeurs

La pauvreté en France est loin de se limiter aux demandeurs d'emploi : près de 30% des pauvres sont définis par l'Insee comme des "actifs occupés", c'est-à-dire des salariés ou des travailleurs indépendants. Les enfants sont également très nombreux à vivre sous le seuil de pauvreté.

Ce chiffre élevé s'explique cependant par une forte différence d'effectifs : il y a presque dix fois plus d'actifs occupés que de chômeurs en France. Le taux de pauvreté s'élève à 38,9% chez ces derniers, contre 6,9% chez les employés.

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