Chiffres du chômage : comment s'y retrouver ?
L'Insee vient de publier ses chiffres trimestriels du chômage, qui diffèrent de ceux communiqués chaque mois par Pôle emploi. Explications.
La France compte désormais 10,5% de chômeurs selon l'Insee, qui a publié ses chiffres jeudi 5 septembre. Ce chiffre intervient une semaine après celui communiqué par le ministère du travail, qui a dénombre 6 300 demandeurs d'emploi supplémentaires en juillet par rapport à juin.
A quoi correspondent ces indicateurs ? Définition d'un chômeur, fréquence de publication, méthodologie... Francetv info fait le point sur la différence entre les chiffres de l'Insee et ceux du ministère.
Que dit l'Insee ?
Ses derniers chiffres Le taux de chômage en France métropolitaine est estimé à 10,5% pour le second trimestre 2013, soit 0,1 point de plus que pour le premier trimestre.
La publication des chiffres de l'Institut national de la statistique est trimestrielle. Ces chiffres sont jugés plus pertinents par les économistes, car ils obéissent à la définition du Bureau international du travail (BIT), inchangée depuis 1982. Calculés chaque trimestre à partir d'une enquête auprès de 100 000 personnes, ils mesurent le nombre de chômeurs dans la population active.
Cette stabilité en fait un indicateur particulièrement pertinent pour comparer les évolutions du chômage sur plusieurs années. En outre, le BIT centralise les données recueillies auprès des pays de l'UE. Du coup, les chiffres de l'Insee permettent d'établir des comparaisons avec les pays voisins de la France, contrairement à ceux de Pôle emploi, spécifiques au fonctionnement de l'agence française.
Pour résumer, l'enquête de l'Insee "souffre d'une forte imprécision pour l'analyse des niveaux comme des évolutions à court terme", notait en 2007 un rapport conjoint de l'Inspection générale des Finances et de l'Inspection générale des affaires sociales. En revanche, elle "gagne en robustesse à moyen terme".
Sa vision du chômeur Pour l'Insee, un chômeur est une personne de plus de 15 ans cherchant activement un emploi, inscrite ou non à Pôle emploi, et n'ayant pas du tout travaillé au cours de la semaine de référence de l'enquête. Cette définition exclut de fait des pans d'inscrits à Pôle emploi, note l'AFP : les nombreuses personnes qui exercent une activité réduite, les seniors qui ont abandonné leurs démarches de recherche d'emploi, etc. A l'inverse, elle recense davantage de jeunes chômeurs, notamment les moins de 25 ans, sans expérience et sans droits au chômage, qui ne s'inscrivent pas forcément à Pôle emploi.
Que dit Pôle emploi ?
Ses derniers chiffres En juillet, on comptait : 3 285 700 demandeurs d'emploi en catégorie A, en France métropolitaine.
La publication de chiffres du chômage par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), qui dépend du ministère du Travail, et par Pôle emploi est mensuelle. Cette régularité en fait le premier chiffre scruté pour évaluer l'impact des politiques menées en termes d'emploi par les différents gouvernements. François Hollande et le ministre du Travail, Michel Sapin, y font naturellement plus souvent référence.
Sa vision du chômeur Ces chiffres sont le reflet direct des règles d'indemnisation et de suivi des demandeurs d'emploi. Leur application entraîne donc des basculements d'une catégorie à l'autre. Elle influe aussi sur le volume des radiations, donc le nombre de personnes prises en compte. Par exemple, les chômeurs qui entament une formation sortent de la catégorie A (qui regroupe les personnes sans aucune activité), la plus regardée, pour basculer en catégorie D. Les bénéficiaires d'un emploi aidé se retrouvent quant à eux en catégorie E. Ils sont donc toujours demandeurs d'emploi, mais ne figurent pas dans les chiffres qui sont médiatisés, ceux de la catégorie A.
Par exemple, la pause dans l'évolution du nombre de demandeurs d'emploi observée en mai s'explique notamment parce qu'un grand nombre de chômeurs (36 400, soit 20% de plus qu'en avril) avaient disparu des listes faute d'avoir "actualisé" leur situation mensuelle.
Cette méthodologie a un avantage : les statistiques de Pôle emploi donnent à voir un éventail plus large des situations.
Alors, à qui se fier ?
Aux deux ! Puisque les deux sources statistiques ne mesurent pas le chômage selon la même méthodologie, ni avec le même calendrier, une divergence ponctuelle des deux indicateurs est possible. C'est arrivé pour la dernière fois entre fin 2010 et mi-2011. Mais à long terme, les deux indicateurs sont convergents et se complètent.
Chaque mois, le gouvernement a l'œil sur les chiffres Pôle emploi, espérant voir se rapprocher l'objectif de François Hollande, à savoir l'inversion de la courbe d'ici à la fin de l'année.
Mais, dans son engagement à inverser la courbe, l'exécutif s'est parfois référé aussi au taux de chômage de l'Insee. Celui-ci "recommencerait à reculer au dernier trimestre", prévoit le "programme de stabilité" transmis à Bruxelles au printemps. Cependant, les dernières données de l'Insee, publiées fin juin, n'entrevoyaient pas d'inversion de tendance fin 2013. Et ce pour deux raisons : la France devrait continuer de détruire plus d'emplois qu'elle n'en crée et la croissance de la population active est "toujours dynamique" (+137 000 nouvelles personnes sur le marché cette année).
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