"Panama Papers" : au centre de l'affaire, le sulfureux cabinet Mossack Fonseca
Dans l'affaire des "Panama Papers", des journalistes de 76 pays ont eu accès aux archives du cabinet de conseil panaméen Mossack Fonseca, révélant des milliers de cas de créations de sociétés offshore.
Ce sont 11,5 millions de fichiers provenant d’un seul et même cabinet, Mossack Fonseca, au Panama, auxquels une centaine de médias a eu accès. Ces données, issues de la société de conseil panaméenne, révèlent ainsi les noms de milliers de personnes, comprenant 140 responsables politiques ou personnalités telles que Michel Platini, Lionel Messi ou Jérôme Cahuzac, ayant créé ou utilisé des sociétés offshore avec son aide. "C'est un crime, un délit", a réagi Ramon Fonseca Mora, directeur et cofondateur de Mossack Fonseca, qui qualifie l'affaire d'"attaque contre le Panama, car plusieurs pays n'apprécient pas que nous soyons très compétitifs pour attirer les entreprises."
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Alors que son nom est dans tous les journaux, après la révélation des "Panama Papers" dimanche 3 avril, quel est le rôle exact de Mossack Fonseca ? La firme a-t-elle déjà été citée dans de tels scandales ? Francetv info dresse le portrait de cette société toute-puissante.
Un cabinet d'avocats créé en 1977
Fondée en 1977, Mossack Fonseca se décrit, sur son site (en anglais), comme une "société à renommée mondiale qui fournit des services juridiques et fiduciaires complets". La firme a été fondée par deux avocats, Jürgen Mossack et Ramon Fonseca Mora. Jürgen Mossack, "fils d’un ancien officier de la Waffen-SS, selon des documents des services de renseignements de l’armée américaine", d’après Le Monde (article payant), est né en Allemagne en 1948. Sa famille a ensuite émigré au Panama, où Jürgen Mossack a fait des études de droit. Ramon Fonseca Mora, âgé aujourd’hui de 64 ans, est né au Panama. Il est "depuis toujours proche des milieux politiques, y compris sous la dictature. Il est vice-président du Parti panamiste, le parti nationaliste arrivé au pouvoir mi-2014, et lié à l’actuel chef de l’Etat, Juan Carlos Varela", explique le quotidien français.
Un spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore
La société d'avocats et de financiers fiscalistes aide les entreprises ou les particuliers à mettre en place des montages financiers. Ces sociétés peuvent être légales, mais elles sont souvent créées "dans un but d’optimisation fiscale, au minimum", précise Eric Vernier, auteur de Fraude fiscale et paradis fiscaux (éd. Dunod, 2014) et directeur de l'Institut de la responsabilité sociétale par l'innovation (IRSI) contacté par francetv info.
Mossack Fonseca est ainsi chargée de monter des sociétés écrans avec des prête-noms. Elle joue alors le rôle, dans le jargon des entreprises offshore, du "registered agent", ou agent déclaré, c’est-à-dire "une société qui a reçu l’agrément pour constituer des sociétés au Panama. Une sorte de notaire en fait", comme le précise Le Soir.
Un véritable empire
"Avec 11 millions de documents et plus de 200 000 sociétés citées dans les 'Panama Papers', on est sur un cabinet qui est d’une taille considérable, décrypte Eric Vernier. Ils ont mis en place un immense réseau, avec une présence sur l’ensemble du globe." La société est en effet devenue un véritable empire. Elle compte plus de "500 employés à travers tous les continents", comme le souligne son site. En tout, Mossack Fonseca compte plus de 40 bureaux, "de la Chine à l’Europe en passant par l’Amérique du Sud. Elle est active dans la plupart des paradis fiscaux", explique Le Soir. Eric Vernier souligne cependant qu'elle n’est pas la seule société du genre.
Une entreprise impliquée dans d'autres scandales
Si elle est au centre de l’affaire des "Panama Papers", ce n’est pas la première fois qu’elle fait la une des journaux. "On la retrouve dans d’autres affaires de montages, notamment liées au grand trafic de drogue. C’est tout a fait normal, compte tenu de sa notoriété dans le domaine. Elle attire forcément énormément de clients, il y a donc énormément d’affaires potentielles", décrit Eric Vernier.
L'autorité financière des îles Vierges britanniques a en effet réprimandé l'entreprise en 2012 et 2013 "pour avoir enfreint sa législation anti-blanchiment" et "des actions sont envisagées en Allemagne à l’encontre d’employés de MF suspectés d’avoir contribué à des mécanismes d’évasion fiscale", cite Le Soir. Le magazine américain Vice (en anglais) écrivait également en décembre 2014, que la société avait enregistré des sociétés écrans de "criminels et voleurs notoires", citant des associés de l'ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi et du président du Zimbabwe Robert Mugabe... Les "Panama Papers" viennent donc "compléter le tableau", comme l'écrit Le Monde.
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