Selon Amnesty International, plus d'une voiture électrique sur deux utilise pour ses batteries du cobalt extrait par des enfants
Amnesty International a expliqué que "des adultes et des enfants n'ayant parfois pas plus de sept ans travaillent dans des conditions épouvantables dans des exploitations minières artisanales" afin d'extraire le cobalt des batteries de voitures.
A la veille de l'ouverture au public du Mondial de l'automobile à Paris, le 1er octobre 2016, Amnesty International accuse les grands constructeurs automobiles d'utiliser des batteries utilisant du cobalt extrait par des enfants en République Démocratique du Congo (RDC), pour ses véhicules électriques. Plus d'un véhicule électrique sur deux commercialisé serait concerné.
Les recherches effectuées par Amnesty International ont montré, selon le communiqué de l'ONG, que "des adultes et des enfants n'ayant parfois pas plus de sept ans travaillent dans des conditions épouvantables dans des exploitations minières artisanales". Des mineurs qui sont "à la merci d'accidents mortels et de graves maladies pulmonaires", et qui "ne gagnent pas plus d'un dollar par jour".
LG Chem et Samsung SDI accusés
L'ONG pointe du doigt deux fournisseurs de batteries : les sud-coréens LG Chem et Samsung SDI. Ces deux entreprises approvisionnent cinq constructeurs qui présentent des modèles électriques lors de ce Mondial : General Motors, Renault-Nissan, Tesla, BMW et Fiat-Chrysler.
Amnesty International révèle le contenu d'un rapport de janvier 2016 accusant également Daimler, Volkswagen et BYD d'utiliser des batteries dont le cobalt proviendrait de la RDC.
Le cobalt issu des mines de RDC serait acheté par une entreprise chinoise, Zhejiang Huayou Cobalt (Huayou Cobalt), qui le fournirait ensuite à des fabricants de composants de batterie en Chine et en Corée du Sud. C'est chez ces fabricants que se fourniraient LG Chem et Samsung SDI.
Les constructeurs nient se fournir chez LG Chem et Samsung SDI
Tous les constructeurs nient se fournir auprès de Huayou Cobalt sans parvenir à fournir, ou pas suffisamment, à Amnesty International les preuves de cette non-filiation. "Aucune des entreprises mentionnées n'a pu prouver qu'elle a respectée" les lignes directrices internationales fixées par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Selon celles-ci, "les entreprises qui utilisent du cobalt provenant d'exploitations minières très dangereuses doivent indiquer l'identité de leurs fonderies et raffineries, et révéler leur propre évaluation du respect par la fonderie des pratiques conformes à la diligence requise concernant l'identification et l'élimination des risques et abus en matière de droits humains".
L'exemple législatif français
Amnesty International interpelle les gouvernements afin qu'ils adoptent des lois pour faire respecter ces directives de l'OCDE. L'ONG pointe l'exemple français. Une proposition de loi a été adoptée par l'Assemblée nationale pour "obliger les grandes entreprises françaises" à "empêcher les atteintes aux droits humains dans leurs chaînes d'approvisionnement". Le texte sera examiné le mois prochain au Sénat.
Le communiqué dénonce aussi les conditions de travail en RDC. Les mineurs travailleraient de longues heures sans équipement et seraient exposés à des troubles de la santé. L'ONG avance notamment que 80 personnes seraient mortes dans les mines en un peu plus d'un an.
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