"Les enfants sont désormais majoritaires dans nos accueils", assure le Secours catholique dans son dernier rapport
La pauvreté augmente toujours en France, selon le rapport annuel 2017 de l'association. Les femmes seules et les familles sont particulièrement touchées.
Les personnes les plus démunies sont encore plus pauvres et elles sont victimes de préjugés en France, selon le rapport 2017 du Secours catholique, publié jeudi 9 novembre. L'association dresse un constat négatif de l'évolution de la pauvreté dans l'Hexagone. Le Secours catholique note que les enfants sont désormais "majoritaires" dans leurs centres d'accueil. Le nombre de femmes seules est en augmentation. Les étrangers constituent par ailleurs une population particulièrement pauvre. Le revenu médian des 1,5 million de personnes accueillies est de 548 euros en 2016, soit seulement 3 euros de plus en 6 ans. Le seuil de pauvreté est fixé à 1 015 euros par mois, selon l'Insee.
Franceinfo reprend les chiffres à retenir de ce rapport.
Le nombre de personnes sans aucune ressource augmente
La proportion des ménages sans aucun revenu est en augmentation. Un ménage sur cinq accueilli par le Secours catholique en 2016 n'avait pas de ressource. Ils étaient 0,5 point de moins en 2015 et 1,2 de moins en 2014. Ces ménages sont pour 53% d'entre eux des étrangers sans statut légal stable, qui n'ont pas le droit de travailler, ni de bénéficier des aides sociales. "Cela met à mal le préjugé selon lequel les étrangers présents sur le sol français viennent en France pour profiter des aides sociales", relève Bernard Thibaud, secrétaire général du Secours catholique. "On dit qu'ils profitent du système mais ils sont nombreux à ne même pas connaître leurs droits", fait valoir l'association.
Les femmes sont de plus en plus vulnérables
Les femmes représentent la majorité des adultes accueillis par l'association. Près de six adultes de nationalité française sur dix reçus par les équipes du Secours catholique sont des femmes. Parmi elles, 40% sont des mères isolées. La précarité des femmes seules augmente. Leurs difficultés s'expliquent en partie par des pensions de retraites ou des ressources plus faibles que le reste de la population. Par ailleurs, la part des pères isolés a doublé en quinze ans, passant de 5% à 9%.
Les familles se précarisent
En 2016, l'association a accueilli quelque 1,5 million de personnes, dont près de la moitié sont des enfants (700 000). "Les enfants sont désormais majoritaires dans nos accueils", souligne Bernard Thibaud, qui signale une "précarisation croissante des familles". La majorité de ces enfants (55%) vivent au sein de familles monoparentales et 44% d'entre eux sont sous la responsabilité d'un adulte d'origine étrangère.
"En raison de la précarisation de l'emploi et du chômage de masse, le fait d'être en couple ne protège plus autant de la pauvreté que par le passé", explique Bernard Thibaud. En 2016, les couples avec enfants n'ont pas non plus été épargnés. Ils représentaient 24,2% des ménages accueillis, soit une augmentation de deux points en cinq ans.
Beaucoup d'aides sociales non réclamées
Le nombre de bénéficiaires potentiels des aides sociales qui ne les demandent pas augmente. Selon l'association, 31% des ménages français ou étrangers éligibles aux allocations familiales n'en touchent pas. Il y a également 40% de non-recours au revenu de solidarité active (RSA) en 2016, contre 38% en 2015. "Ces pourcentages extrêmement élevés, et préoccupants, explique le Secours catholique, battent en brèche les préjugés et idées reçues colportées sur les personnes en situation de précarité. Une partie d'entre elles, importante, n'a pas accès à ses droits par méconnaissance, par difficulté d'accès à l'administration mais aussi par honte et autocensure."
Selon l'Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), pour le seul RSA, 5,3 milliards d'euros ne sont pas versés à des ayants droit. Le non-recours à la couverture maladie universelle complémentaire et à l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé représenterait 800 millions d'euros non versés.
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