Beur FM accusée d'être complice de l'islamisme : "C'est délirant"
L'hebdomadaire "Marianne" reproche à la radio des propos douteux tenus dans l'émission "Les Zinformés". L'animateur de ce talk-show répond aux accusations.
La radio Beur FM est-elle "complice de l'islamisme" ? C'est en tout cas l'affirmation de Marianne dans un dossier publié jeudi 21 mai, dans lequel l'hebdomadaire reproche des dérapages douteux lors du talk-show "Les Zinformés". Choquée par ces accusations, la rédaction de Beur FM a décidé de réagir avec humour en organisant notamment vendredi une matinale "Djihad FM". Francetv info a interrogé Abdelkrim Branine, l'animateur de l'émission en cause.
Francetv info : Marianne vous accuse d’être "complices de l’islamisme". Que répondez-vous ?
Abdelkrim Branine : Je suis étonné que leur article ne précise pas que l'on procède à des sacrifices d'enfants après chaque émission... Plus sérieusement, on hésite entre le fou rire et l'indignation, la colère. Ceux qui connaissent la radio savent que c'est délirant. Ce sont des accusations très graves, surtout au regard du contexte dans lequel cela intervient. On est dans la foulée des attentats de janvier, et le lien est immédiatement suggéré.
Ils nous désignent comme "complices de l'islamisme". On a l'impression qu'ils ne maîtrisent pas trop le sujet. Qu'est-ce que cela signifie ? On est islamiste quand on mange halal et que l'on prie plusieurs fois par jour ? On est islamiste quand on dénonce le coup d'Etat du maréchal Al-Sissi en Egypte ? Il faut savoir de quoi on parle. D'ailleurs, quand vous lisez l'article, à aucun moment il n'est question de religion dans les reproches qui nous sont adressés.
Le journal cite un de vos chroniqueurs, qui parlait de "rats d'égout" à propos des journalistes de Charlie Hebdo...
Il faut voir le contexte. La discussion porte sur le magot amassé par Charlie Hebdo après les attentats et sur la bagarre un peu indécente entre les gens du journal. Salem Aïdoudi les qualifie alors de "rats". C'est sûr que je n'aurais pas choisi cette expression, qui peut paraître caricaturale ou déplacée. Mais, à ce moment-là, Salem est dans l'émotion, au bord des larmes. Il a géré le deuil des proches du policier Ahmed Merabet à Livry-Gargan et il est écœuré parce que la famille de ce policier, mort pour protéger Charlie Hebdo, n'a reçu ni bouquet de fleurs ni coup de fil de la part des membres du journal.
Marianne nous reproche aussi le parallèle entre les Français partis faire le jihad et ceux partis combattre avec l'armée israélienne. Il est vrai que des invités ont fait plusieurs fois le lien entre ces deux "jihads", entre les jihadistes partis en Syrie et les Franco-Israéliens partis à Gaza pour massacrer des enfants avant de revenir tranquillement et s'en vanter sur les réseaux sociaux.
Je ne dis pas que je défends cette position, mais on est une émission de débats avec une liberté de ton totale et des invités aux convictions très différentes. Cela va de la droite souverainiste à la gauche radicale. Ma seule exigence, c’est d'inviter des gens avec qui on peut construire un débat. C'est pour cela que je n'invite pas des partisans de Dieudonné ou d'Alain Soral dont le seul propos se résume à insulter et à exclure une partie de la population, notamment la communauté juive.
Marianne fait une fixette sur le communautarisme depuis longtemps. Ils sont en quelque sorte des extrémistes de la laïcité. A la base, ils se réclament de gauche, mais, aujourd'hui, quand on voit qu'ils ont des journalistes qui travaillent aussi à Valeurs actuelles comme l'auteur de l'article [Vladimir De Gmeline], on se dit qu'ils ont opéré un rapprochement avec les identitaires, avec une partie de l'extrême droite. Ils veulent bien de la liberté d’expression, mais seulement pour eux.
Quel était le but de la matinale "Djihad FM" ?
L'équipe de la matinale est dans son registre, l’humour. Il s'agit de confronter Marianne à ses fantasmes en leur disant : "On va se foutre de votre gueule, on va vous donner de la burqa et du jihad, puisque c'est ce que vous attendez." Dans notre émission de jeudi, on a aussi apporté des réponses, parfois avec humour, mais aussi de manière très sérieuse. Face à la colère, il faut trouver une réponse rationnelle.
Envisagez-vous une réponse pénale ?
Concernant l’article, non, car nous ne sommes pas procéduriers. Par contre, quand j'entends le directeur de la rédaction de Marianne, Joseph Macé-Scaron, mentir sur BFM en nous accusant de dire que les gens de Charlie Hebdo l'ont bien mérité, c'est grave. Dans ce cas, on réfléchit à une plainte pour diffamation.
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