Talking Angela, l'application accusée de pédophilie
Depuis quelques jours, une rumeur circule sur les réseaux sociaux : une application pour enfants serait contrôlée par un réseau pédophile. Une information démentie par la police française.
La police française a démenti, mardi 25 février, une rumeur qui circule depuis plusieurs jours sur internet : l’application Talking Angela, créée par la société britannique de divertissement OutFit7, n'est pas manœuvrée par un réseau de pédophiles. "Aucune de nos équipes n'a reçu de plaintes à ce sujet", indique le site du ministère de l'Intérieur, qui explique avoir "contacté l'éditeur". Et de conclure : "L'utilisation de cette application ne présente aucun risque et chacun peut jouer en toute sécurité."
L’application, lancée en France en janvier, vient d'entrer dans le top 10 des applis les plus téléchargées. Destinée aux enfants, elle permet de discuter avec une chatte blanche prénommée Angela et âgée de 18 ans, au corps et à la voix ressemblant à ceux d’une femme. Différentes interactions sont possibles : lui offrir des cadeaux (attention, cette fonctionnalité peut être payante), toucher son pelage, discuter avec elle, etc.
La rumeur a démarré aux Etats-Unis avant de s'étendre aux utilisateurs français des réseaux sociaux. Elle affirme que les questions posées par l’avatar permettraient en fait de récolter une grande quantité de données. Pire, la fonctionnalité utilisée pour détecter les expressions du visage et entraîner une réaction d’Angela espionnerait les enfants à leur insu, prenant même photos et vidéos.
Des questions indiscrètes
Autre élément de suspicion souligné par le blog Big Browser, l’application possède deux modes, un adulte et un enfant, entre lesquels on passe très simplement sans aucun contrôle demandé aux parents. Dans le mode pour enfant, l’animal répète ce que dit l’utilisateur, ne pose pas de questions sur l’identité et reste plutôt innocent.
Dans le mode adulte en revanche, Angela demande l’âge et le nom de la personne et lui pose, entre autres, des questions sur ses relations amoureuses. "Par exemple, Angela peut vous conseiller de faire une soirée où vous échangez vos vêtements avec votre petit copain, ou encore vous raconter son premier baiser", décrit le site meltystyle.fr. Peu approprié pour les plus jeunes.
Sur Facebook, la page intitulée "Talking Angela créée par un pédophile ?" compte près de 2 300 "j'aime". Les internautes y partagent, comme sur Twitter, des captures d’écran des yeux de l’avatar sur lesquels ils croient apercevoir des visages d’hommes ou des silhouettes d'enfants.
J'ai bien osbervé et c'est pas un fake les gens. #talkingangela pic.twitter.com/nvyr6uB0Y6
— FANNY J-6 KA ✌♥ (@_un_panda) 23 Février 2014
D'autres voient une confirmation de leurs craintes dans les conditions d'utilisation de l'application.
Après vous plaignez pas des consequance si vous lisez pas les conditions .. #TalkingAngela pic.twitter.com/jAinPazFiQ
— ⚠️Capricorne.♑️ (@_Kenzaa_) 25 Février 2014
"Aucune donnée n'est partagée"
Les dirigeants d'OutFit7 se défendent de ces accusations. "Bien sûr, c'est un canular", martèlent-ils au Guardian (en anglais). Un hacker pédophile se cacherait-il derrière le personnage d'Angela ? "Même si on peut facilement croire que l'on est en train de parler à une personne, lorsque l'on prête un peu plus attention, chacun peut se rendre compte que ce n'est pas une personne de l'autre côté de l'écran : vous tenez simplement une conversation semi-intelligente."
La société précise, sur son site internet, que si Angela demande le nom et l'âge de l’utilisateur, c'est dans le seul but de "déterminer les sujets de discussion les plus appropriés" et d'"optimiser le contenu de l'application". OutFit7 insiste également sur le fait que les données relatives à la discussion avec Angela sont rendues anonymes et ne peuvent pas être agrégées pour dresser des profils particuliers.
"Aucune donnée personnelle n'est partagée à un tiers", soutient la société, qui affirme que certaines données relatives à la discussion sont même supprimées par l'application et ne sont pas envoyées à l’entreprise.
Ces arguments ont convaincu la police française, qui "demande aux parents de rassurer les plus jeunes concernant cette application". Ce qui ne doit pas, rappelle The Guardian, faire oublier aux parents de "se tenir au courant des applications utilisées par leurs enfants et de leur fonctionnement".
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