: Vidéo Pollution : enquête sur les boues rouges de Gardanne
L'usine d'alumine Alteo de Gardanne fête ses 120 ans samedi. Mais cet anniversaire pourrait être gâché par des questions soulevées par ses riverains : que faire des déchets, jusqu'ici répandus dans la Méditerranée ? Et sont-ils toxiques ? Une enquête d'Anne Sylvain pour le Grand Soir 3.
L'usine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône), qui produit de l'alumine, fêtera ses 120 ans samedi 13 décembre. Ce site fait vivre directement ou indirectement 1 000 employés. L'alumine est utilisée dans la production des écrans LCD ou de ceux des téléphones portables. Mais le problème de cette industrie, ce sont ses déchets.
Des déchets déversés dans la Méditerranée
Chaque année, 400 000 tonnes de déchets sortent de l'usine. Dans les années 1960, le groupe fait le choix de les rejeter dans la mer grâce à un tuyau de 50 kilomètres reliant Gardanne à Cassis. Les résidus sont déposés dans le parc national des Calanques. A 330 mètres de profondeur, les sols marins sont aujourd'hui recouverts de poussière rouge. Alors qu'Alteo devait cesser ses rejets fin 2015, l'entreprise vient d'obtenir une dérogation pour y verser ses eaux de rinçage. Un dossier est maintenant sur le bureau de la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal.
Il reste tout de même à l'industriel à trouver une nouvelle destination pour ses déchets solides. Tout d'abord une nouvelle utilisation : la transformation. On trouve déjà des déchets de bauxite dans des tuiles ou du béton léger.
La poussière ocre envahit l'environnement
La poussière recouvre tout autour des lieux de stockage des déchets et cela inquiète les riverains. Autour d'une de ces zones, à Mangegarri, sur la commune de Bouc-Bel-Air, sur six familles, on compte quatre cancers. Si les riverains se posent des questions sur les liens avec l'usine, ceux-ci ne sont pas prouvés. Mais quelle est la composition de ces déchets ? Nous avons demandé à un ingénieur de la Criirad de venir mesurer la radioactivité de la bauxaline. Résultat, la radioactivité est supérieure de six fois à la radioactivité naturelle. S'y ajoutent également des métaux lourds et des toxiques chimiques.
Un autre laboratoire indépendant en toxicologie (Analytika) a mené des analyses. Résultat : le chrome est dix fois plus élevé que dans un sol non pollué.
Pour Alteo, les résidus de bauxite stockés à Bouc-Bel-Air ne "sont pas toxiques et il est déplorable de faire un amalgame pour provoquer des craintes infondées sur la santé".
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