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Pourquoi Marine Le Pen a passé un été si discret

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Marine Le Pen, le 16 juillet 2016, au siège du Front national à Nanterre (Hauts-de-Seine). (ALAIN JOCARD / AFP)

La présidente du Front national, qui effectue sa rentrée politique ce samedi, a été très peu présente dans les médias cet été. Une stratégie qui vise à améliorer son image avant la campagne présidentielle.

Elle avait prévenu les journalistes dès le mois de janvier. "Vous me verrez peu cette année", avait-elle lancé lors de ses vœux à la presse. En 2016, Marine Le Pen a décidé de se faire rare dans les médias, en attendant que démarre la campagne présidentielle. Avant de prononcer son traditionnel discours de Brachay (Haute-Marne), samedi 3 septembre, la présidente du Front national s'est octroyé de très longues vacances d'été, cultivant encore un peu plus sa discrétion.

Depuis la mi-juillet, Marine Le Pen n'est apparue que deux fois sur un plateau de télévision : le 29 juillet au journal de 20 heures de France 2 après l'assassinat du prêtre Jacques Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), et le 31 août sur la chaîne américaine CNN, à laquelle elle a accordé un entretien. Même sur les réseaux sociaux, c'est le calme plat : un tweet à l'occasion de la journée du chat, quelques messages de félicitations pour les médaillés olympiques et une photo la montrant décontractée, dans un hamac, en compagnie de ses deux sœurs, Yann et Marie-Caroline.

Pourquoi une telle diète médiatique ? "Marine Le Pen marque sa volonté de s'extraire du cirque médiatique, du jeu des petites phrases. Elle veut prendre le recul, le temps et la tranquillité nécessaires pour réfléchir à son programme. Elle ne participe donc plus à ces joutes quotidiennes face aux journalistes et aux commentateurs de la vie politique", explique à franceinfo Julien Odoul, l'un de ses conseillers politiques.

Se forger une image de présidentiable

Le silence est aussi et surtout le moyen de travailler son image et de se construire un visage de présidentiable, qui lui fait pour l'instant défaut. "On l'a vu aux élections régionales : il lui reste encore une étape à franchir pour incarner davantage qu'une figure protestataire", observe Arnaud Mercier, professeur en science de l'information et de la communication, à l'Institut français de presse (université Paris-2 Panthéon-Assas). En polissant son image, elle espère se rendre plus respectable et atténuer le rejet que suscite toujours son nom chez une majorité d'électeurs. Son slogan "La France apaisée", décliné depuis le début de l'année sur des affiches débarrassées du logo du FN, sert le même objectif.

L'instabilité du paysage politique, caractérisé par l'incertitude sur l'identité des candidats à droite et à gauche, conforte en outre la stratégie de Marine Le Pen. Il lui est d'autant plus aisé de dégager une impression de sérénité pendant que les candidats de la primaire à droite s'écharpent, ou que le pays débat sans fin du burkini. Une question sur laquelle Marine Le Pen ne s'est prononcée que le 17 août, via un billet sur son blog.

Les thématiques identitaires et sécuritaires étant déjà au cœur de l'actualité, la patronne du Front national n'a même pas à les alimenter. "Dans la séquence actuelle, elle n'a pas besoin d'en rajouter, ni d'être dans le mauvais bruit de fond médiatique. La droite s'occupe d'être dans la surenchère, affirme le politologue Jean-Yves Camus, interrogé par Le Parisien. Elle fait l'analyse que les faits lui donnent raison, que la primaire de la droite met ses thèmes de prédilection au cœur du débat", abonde Arnaud Mercier.

Les réseaux sociaux privilégiés

Après sa rentrée politique, qui se poursuivra par Les estivales de Marine Le Pen, à Fréjus (Var) les 17 et 18 septembre, ses interventions dans les médias devraient rester relativement rares. Jusqu'à son entrée dans la campagne présidentielle, qui n'interviendra pas avant janvier. Pour communiquer, elle privilégiera l'utilisation des réseaux sociaux, comme le laisse deviner son site de campagne : pas de rubriques, ni de contenu propre, mais une agrégation de ses messages, photos et vidéos postés sur Twitter, Facebook, Instagram et YouTube.

Pour suivre son discours à Brachay, ce samedi, elle invite ses soutiens non pas à se brancher sur une chaîne d'information en continu, mais à se connecter sur "ses" réseaux sociaux.

Le 1er mai, Marine Le Pen avait d'ailleurs appelé ses partisans à s'emparer des réseaux sociaux pour "court-circuiter les médias traditionnels". "Il y a toujours au Front national un discours de défiance vis-à-vis des médias, accusés de désinformation, note Arnaud Mercier. Mais lorsque la campagne aura vraiment débuté, elle sera bien contente de se faire inviter par les médias audiovisuels, qui restent de gros pourvoyeurs d'audience."

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