Espionnage du web : un ex-employé de la CIA à l'origine des fuites
Employé d'un sous-traitant de l'Agence de sécurité nationale (NSA), Edward Snowden se confie au quotidien britannique "The Guardian".
"Je n'ai aucune intention de me cacher parce que je sais que je n'ai rien fait de mal." Un employé d'un sous-traitant de l'Agence de sécurité nationale (NSA), Edward Snowden, a révélé, dimanche 9 juin, être à l'origine des fuites sur le programme américain de surveillance des communications dans lequel des géants du web sont mis en cause.
De quoi sont accusés les géants du web ?
La semaine dernière, le Washington Post et le quotidien britannique The Guardian ont fait la lumière successivement sur deux programmes secrets de la NSA, l'une des principales agences de renseignement des Etats-Unis. L'un concerne la récolte depuis 2006 des données d'appels téléphoniques aux Etats-Unis par l'opérateur Verizon, et vraisemblablement d'autres opérateurs. L'autre programme secret, baptisé Prism, permettrait à la NSA et au FBI de surveiller les activités des internautes. Et neuf entreprises, dont Apple, Google, Facebook et Yahoo!, sont accusées de fournir aux services secrets américains un "accès direct" à leurs serveurs. Une sorte de "porte dérobée" réservée à la NSA pour espionner les e-mails, conversations instantanées ou données stockées par les internautes.
Les géants du web ont démenti, mais James Clapper, directeur du renseignement américain, ne récuse pas l'existence d'un tel programme. Ce dernier a d'ailleurs dénoncé samedi les "ravages" causés par ces révélations, et il a annoncé qu'une enquête avait été ouverte pour découvrir l'origine de ces fuites.
Qui est à l'origine de ces fuites ?
Spécialiste informatique, Edward Snowden, âgé de 29 ans, est un ancien employé de la CIA. "Je ne pense pas pouvoir revenir chez moi", reconnaît-il, dans un entretien publié par le Guardian (lien en anglais). Il est réfugié depuis le 20 mai à Hong Kong. Pete King, président de la commission du contre-terrorisme et du renseignement de la Chambre des représentants, a appelé dimanche à l'extradition de Edward Snowden vers les Etats-Unis, estimant qu'il devait être poursuivi "avec la plus grande force du droit".
Le Guardian publie également, sur son site, un entretien vidéo auquel Edward Snowden a pris part à visage découvert. "Mon unique objectif est d'informer les gens de ce qui est fait en leur nom et de ce qui est fait contre eux", assure-t-il. Ex-technicien à la CIA, Snowden travaillait depuis quatre ans à la NSA, dont il a révélé des documents confidentiels en tant qu'employé de divers sous-traitants, dont Dell ou Booz Allen Hamilton, son dernier employeur.
"Je n'ai aucune idée de ce que sera mon avenir", déclare de son côté Edward Snowden au Guardian. Il dit espérer que Hong Kong ne l'extrade pas vers les Etats-Unis et envisager de demander l'asile à l'Islande, réputée pour soutenir "ceux qui défendent la liberté sur internet".
Un nouveau Bradley Manning ?
Ces nouvelles recommandations interviennent alors que s'est ouvert, lundi 3 juin, le procès en cour martiale du soldat Bradley Manning, qui encourt la réclusion à perpétuité pour avoir fourni des dizaines de milliers de documents secrets au site WikiLeaks.
Le célèbre collectif Anonymous, activistes qui luttent pour plus de liberté et de transparence sur le web, a salué l'action d'Edward Snowden, "un des plus grands lanceurs d'alerte de l'histoire". Michael Moore, réalisateur américain de documentaires, dont Bowling for Columbine, a lui estimé qu'il s'agissait du "héros de l'année".
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