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Existe-t-il un gène du criminel ? Des chercheurs relancent le débat

Une étude, publiée mardi, associe deux gènes aux "comportements extrêmement violents".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un surveillant patrouille dans un couloir de la prison de Bois-d'Arcy (Yvelines), le 8 juillet 2014. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Est-on génétiquement prédisposé à devenir un criminel ? Le débat est relancé par une étude, publiée mardi 28 octobre dans la revue spécialisée Molecular Psychiatry, qui pointe deux gènes mutés que l'on retrouverait avec une "fréquence nettement plus élevée" chez des délinquants violents.

Pour établir ce constat, des chercheurs européens et américains ont comparé les génomes de près de 800 Finlandais, emprisonnés pour des crimes violents et des délits sans violence, à ceux de la population générale. Ils en concluent que deux gènes, appelés MAOA et CDH13, seraient "associés à des comportements extrêmement violents".

Des explications génétiques à l'agressivité ?

Les scientifiques qui signent cette recherche disent avoir pris en compte des facteurs environnementaux (addictions à l'alcool, personnalité antisociale ou maltraitance dans l'enfance) sans que cela modifie le résultat. Pour eux, il existe bien une explication génétique, indépendante du contexte social. 

Le gène MAOA commande la production d'une enzyme qui intervient dans l'élimination de neurotransmetteurs comme la dopamine. Dans la forme mutante du gène, la diminution du niveau d'activité de cette enzyme serait reliée au risque de devenir délinquant. Le second gène, appelé CDH13, est impliqué dans des troubles du contrôle de l'impulsivité. 

Pour autant, ces deux gènes ne sont pas les seuls responsables, selon les auteurs de l'étude. "Nous avons trouvé deux gènes qui ont l'effet le plus important sur le comportement agressif, et il y a probablement des dizaines ou des centaines d'autres gènes qui ont un effet moindre", estime Jari Tiihonen, coauteur de l'étude.

"Une énorme exagération", selon certains scientifiques

Toutefois, des spécialistes mettent en garde contre une interprétation hâtive selon laquelle il y aurait des prédispositions génétiques à la violence auxquelles on ne pourrait échapper. Parler de "gènes de la violence" serait "une énorme exagération", explique le professeur Jan Schnupp, du département de neurosciences de l'université d'Oxford.

En effet, les deux versions des gènes mutés sont "plutôt courantes" dans la population. Jusqu'à un individu sur cinq en est porteur, et parmi ces personnes, la grande majorité ne commettra jamais de viol, d'agression ou de meurtre. De même, des individus non porteurs de ces versions des gènes sont présents dans le groupe ultraviolent de l'étude. Le débat reste donc ouvert. 

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