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Cachés sous un évier ou dans une chambre froide, ces courageux otages de Dammartin et de la Porte de Vincennes

Dans l'imprimerie de Dammartin-en-Goële, où s'étaient retranchés les deux frères Kouachi, et à Paris, Porte de Vincennes, dans le supermarché casher attaqué par Amedy Coulibaly, ces otages ont aidé les forces de l'ordre.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 5min
Des hommes de l'unité d'élite de la police évacuent les otages après avoir lancé l'assaut sur le supermarché casher attaqué, le 9 janvier 2015 à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

Lilian a eu la vie sauve en se réfugiant sous un évier de l'imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), où s'étaient retranchés vendredi 9 janvier les deux frères Kouachi, soupçonnés de l'attentat contre Charlie Hebdo. A Paris, Porte de Vincennes, au moins cinq personnes, dont un homme et son fils de 3 ans, se sont cachés dans la chambre froide du supermarché casher attaqué par Amedy Coulibaly, un homme lié aux frères Kouachi. Dans les deux cas, ces otages, finalement indemnes, ont aidé les forces de l'ordre.

Lilian, 26 ans, a surmonté sa peur

Lorsque les frères Kouachi font irruption dans l'imprimerie de Dammartin-en-Goële, un employé a le réflexe de se réfugier "sous un évier dans la salle de restauration" du second étage. L'homme est graphiste. Il se prénomme Lilian et il a 26 ans. Il est "terrorisé", d'après le procureur de Paris François Molins, mais il parvient à surmonter sa peur pour ne pas se faire repérer "tout au long des évènements".

Avec ses SMS, l'homme donne "des éléments tactiques, comme sa position à l'intérieur des locaux, à la cellule négociation" du GIGN (le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), l'unité d'élite chargée de l'opération, raconte une source proche de l'enquête. Des renseignements d'autant plus précieux que l'homme a "pu entendre les deux suspects parler". Ce contact "a permis de le rassurer et de lui donner la conduite à tenir pour le plan d'assaut", explique cette source. Il communique également par texto avec un membre de sa famille, selon une autre source proche du dossier.

Un assaut est en cours dans l'entreprise où sont retranchés les frères Kouachi (APTN)

Lorsque les troupes d'élite donnent l'assaut, "simultanément à l'ouverture du feu, un véhicule blindé de la gendarmerie permet d'accéder à l'étage pour libérer" l'employé caché "en évitant d'éventuels piégeages" au rez-de-chaussée, selon une source proche de l'enquête. Le graphiste, indemne, est pris en charge par les gendarmes et amené au quartier général. Il a retrouvé sa famille après l'assaut. Il "va bien", mais il est "choqué".

Lassana a caché les clients dans la chambre froide

A 40 km de là, peu avant 13 heures, Ilan fait les courses dans son quartier, au Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, en prévision de chabbat, le jour de prière juif qui commence dans quelques heures. Il est accompagné de son fils de 3 ans et demi. Amedy Coulibaly surgit dans l'épicerie et tire à la kalachnikov et sème le chaos.

Un salarié du magasin, Lassana, un musulman d'origine malienne, selon BFMTV, a un geste héroïque qu'il raconte au Parisien. "Quand ils sont descendus en courant, (...), j'ai ouvert la porte [du congélateur]. Il y a plusieurs personnes qui sont rentrées avec moi. J'ai éteint la lumière, j'ai éteint le congélateur. (...) Quand j'ai éteint la chambre, je les ai mis dedans, j'ai fermé la porte, j'ai dit vous restez calmes là, moi je vais sortir."

Grâce à Lassana, Ilan et son fils sont cachés dans la chambre froide mais plongés dans le noir. Au moins trois autres personnes les accompagnent, selon des sources proches de l'enquête. Ilan, la trentaine, enlève vite son blouson et le donne à son fils pour le protéger du froid. La mère d'Ilan sait très vite que son fils et son petit-fils sont cachés et décide de ne pas chercher à entrer en contact avec eux, même par texto, pour ne pas risquer d'attirer l'attention des assaillants.

Las, au bout d'un moment, le preneur d'otage se rend compte que des clients se sont réfugiés dans la chambre froide. Il envoie quelqu'un les chercher. Tous les otages sont réunis. Les otages qui étaient cachés découvrent le corps mort des quatre clients qui ont été tués. Amedy Coulibaly, très calme, demande aux nouveaux venus de décliner leur identité, leur profession, leur origine, d'après le récit qu'un des otages a livré à un proche. Puis vient l'assaut, au cours duquel, aucun otage n'a "vraisemblablement" été tué, selon le procureur de Paris.

Les images du face-à-face entre le Raid et Coulibaly lors de l'assaut porte de Vincennes (EXCLUSIF FRANCE 2)

Ilan a été débriefé dans la soirée par les services de renseignement. Les otages ont remercié leur héros. "Ils m'ont félicité", confie Lassana. Sans s'en vanter.

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