Les assassinats de deux activistes d'extrême gauche revendiqués plus de trente-cinq ans après les faits
Un ancien membre de l'Action française, mort en 2012, affirme dans un livre posthume avoir participé aux assassinats d'Henri Curiel en 1978 et de Pierre Goldman en 1979, deux figures de l'extrême gauche des années 1970.
C'est un mystère vieux de plus de trente-cinq ans qui vient peut-être d'être résolu. Dans un livre intitulé Le Roman vrai d'un fasciste français (La Manufacture de livres), paru le 24 avril, René Resciniti de Says revendique les assassinats de deux figures de l'extrême-gauche des années 1970, Henri Curiel et Pierre Goldman. Mais comme le rappelle Livres Hebdo, qui relaie l'information mercredi 5 mai, l'ancien membre de l'Action française ne pourra pas être mis en examen pour ces deux meurtres, car il est mort en 2012, à l'âge de 61 ans.
Dans son livre, l'ex-parachutiste affirme avoir participé à l'assassinat du militant communiste Henri Curiel, tué par deux hommes dans l'ascenseur de son immeuble parisien, le 4 mai 1978. René Resciniti de Says affirme également avoir participé au meurtre de Pierre Goldman, ancien membre du service d'ordre des étudiants communistes de la Sorbonne, devenu guérillero au Venezuela puis gangster, tué par balle le 20 septembre 1979 dans le 13e arrondissement.
Le mystérieux "Gustavo"
A l'époque, ces deux meurtres avaient été revendiqués par une organisation d'extrême droite inconnue, baptisée "Honneur de la police". René Resciniti de Says affirme, en fait, avoir agi en tant que membre du SAC, le service action chargé des basses besognes du parti gaulliste. En 2012, un blog du Monde relayait déjà l'identité de Resciniti de Says, alias "Gustavo", l'homme qui revendiquait de façon anonyme le meurtre de Goldman dans un documentaire diffusé en 2010 par Canal+.
Dans ce post de blog, les journalistes du Monde rappellent que René Resciniti de Says, au-delà de son appartenance aux Camelots du roi et à l'Action française, était également un ancien parachutiste devenu mercenaire au Liban puis en Afrique, aux côtés notamment de Bob Denard.
"Une tache dans l'histoire de la France"
Après la révélation de son implication dans les meurtres d'Henri Curiel et de Pierre Goldman, Noël Mamère a demandé une nouvelle fois l'ouverture d'une commission d'enquête. "Les déclarations de René Resciniti de Says doivent être prises avec réserve, mais elles prouvent que l'ouverture d'une commission d'enquête se justifie plus que jamais, a déclaré le député écologiste, interrogé par francetv info. Tant que ce ne sera pas fait, ces assassinats resteront une tache dans l'histoire de la France."
"Il est évident que ces assassinats ont été commandités par quelqu'un, par un organe para-étatique dépendant du pouvoir", a ajouté Noël Mamère. L'élu a toutefois estimé qu'il y a peu de chances que les archives des services secrets soient rendues accessibles. "Je demande une commission d'enquête pour le principe, parce qu'il serait juste qu'on connaisse enfin la vérité", a-t-il conclu.
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