Cannes : interdit de mosquée pour radicalisation, un imam obtient gain de cause en justice
Soupçonné de comportement radical, Afif Lattar a obtenu jeudi la levée de cette mesure par le tribunal administratif de Nice.
Un revers pour une décision prise dans le cadre de l'état d'urgence. Jeudi 3 décembre, un jeune imam, interdit de fréquenter sa mosquée à Cannes (Alpes-Maritimes) depuis le 24 novembre, a obtenu la levée de cette mesure par le tribunal administratif de Nice (Alpes-Maritimes). Agé de 32 ans, Afif Lattar avait interdiction, par arrêté préfectoral, de fréquenter tout lieu de culte à Cannes et Grasse, le temps de l'état d'urgence.
Selon la préfecture des Alpes-Maritimes, l'imam franco-algérien, doctorant en sciences humaines, aurait tenu des propos "établissant un lien entre les actes commis par les terroristes et les caricatures" après les attentats de janvier. "Connu pour son fondamentalisme religieux, (...) il pourrait conduire à une déstabilisation au sein de la mosquée de Cannes de 450 fidèles", a avancé François-Xavier Lauch, sous-préfet des Alpes-Maritimes. Durant l'été, l'imam a aussi reçu la visite de Béchir Ben Hassen, un imam "salafiste radical franco-tunisien", au cœur d'une enquête à cause de sa proximité avec la mouvance terroriste islamiste.
Plus de 150 lettres de soutien à l'imam
Selon son avocat Emmanuel Di Mauro, ces accusations n'apportent aucune preuve qu'Afif Lattar est salafiste. "On est en train de tuer sa vie et sa renommée", a-t-il déclaré, rappelant que le prédicateur tunisien n'avait pas été invité par son client à Cannes. Mercredi, devant le tribunal administratif de Nice, le conseil a brandi 158 lettres de soutien de la part de membres des communautés catholique, bouddhiste, juive et musulmane de Cannes, de Grasse et du Puy-en-Velay, où il a exercé un temps. "J'en reçois encore", confie-t-il à francetv info. Tous défendent "l'éthique" et "le sens de la fraternité" de l'imam, membre actif de l'association multiconfessionnelle locale "Vivre ensemble".
Selon Mustapha Dali, recteur de la Grande mosquée de Cannes, Afif Lattar serait victime de querelles d'ego. Un des imams qui a témoigné contre lui serait en fait partie prenante dans une procédure devant les prud'hommes face à lui, rappelle France Bleu Azur. "Nous ne ferons pas de commentaires face à cette situation, qui a été gravissime pour nous", confie un membre de la mosquée, contacté par francetv info. "Nous voulons rester humbles et nous nous en tenons à décision de la justice."
Pas de menace à l'ordre public
Dans ses conclusions, le tribunal administratif de Nice estime que l'arrêté préfectoral est "entaché d'erreurs de fait et d'erreurs manifestes d'appréciation", qui ne permettent pas de conclure que l'imam représente une menace à l'ordre public. Il a condamné l'Etat à verser 1 000 euros à Afif Lattar estimant que "le préfet n'a produit qu'une 'note blanche' aux énonciations générales". Contacté par francetv info, Afif Lattar n'a pas souhaité réagir.
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