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Ce que l'on trouve dans le nouveau numéro de "Charlie Hebdo"

L'hebdomadaire satirique sort une édition spéciale, un an après la tuerie du 7 janvier. 

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le numéro spécial de "Charlie Hebdo", sorti le 6 janvier 2016, soit un an après les attentats terroristes qui ont fait 12 victimes dans la rédaction du journal.  (ARTUR WIDAK / NURPHOTO)

Un an après l'attentat terroriste qui a fait 12 victimes dans les locaux de Charlie Hebdo, le journal satirique sort, mercredi 6 janvier, un numéro spécial tiré à environ un million d'exemplaires. On y trouve une une destabilisante et un édito rageur qui avaient déjà été diffusés le lundi 4 janvier, mais également un cahier de dessins des disparus et des soutiens à la rédaction. Francetv info a feuilleté pour vous le numéro 1224 de l'hebdomadaire satirique. Voici ce qu'il faut en retenir.  

La une qui déstabilise

"Un an après, l'assassin court toujours", titre Charlie Hebdo sur sa couverture. Sous ces mots, le dessin de une présente une figure religieuse armée d'une kalachnikov et portant des vêtements ensanglantés. Il est signé Riss, le directeur du journal. Cette une, depuis sa diffusion lundi 4 janvier, crée la polémique, déstabilise et choque. Pour le directeur de Charlie Hebdo, le responsable des attentats n'est autre que la religion en général. 

Le dessin est d'ailleurs inhabituel. Si les unes de Charlie sont d'ordinaire colorées, celle-ci est en noir et blanc avec des taches de sang rouges"Ce choix, contrebalancé par des touches de rouge plutôt discrètes mais immédiatement visibles, crée un contraste violent, qui rappelle le drame de janvier dernier et accroche le regard", explique Guillaume Doizy, spécialiste de l'histoire des caricatures, à L'Obs.

La une du numéro spécial de "Charlie Hebdo", publiée le 6 janvier 2016. (CHARLIE HEBDO)

L'édito rageur, hymne à la laïcité

Deux pages plus loin, Riss signe également un éditorial rageur. "Oui, beaucoup ont espéré qu'on se fasse tuer. TU-ER. Parmi eux, des fanatiques abrutis par le Coran, mais aussi des culs-bénis venus d'autres religions, qui nous souhaitaient l'enfer auquel ils croient, pour avoir osé rire du religieux", écrit le dessinateur.

A la barbarie, dont a été victime la rédaction le 7 janvier 2015, il répond : "Jamais on n'a eu autant envie de casser la gueule à tous ceux qui ont rêvé de notre disparition. Ce ne sont pas deux petits cons encagoulés qui vont foutre en l'air le travail de nos vies et tous les moments formidables vécus avec ceux qui succombèrent. Ce n'est pas eux qui verront crever Charlie. C'est Charlie qui les verra crever." Avant de finir sur une promesse : "Les convictions des athées et des laïcs peuvent déplacer encore plus de montagnes que la foi des croyants", dit-il.

Le récit détaillé de l'attaque du 7 janvier

Dès les premières pages, la rédaction a également choisi de faire un récit détaillé des événements qui se sont déroulés le matin de l'attaque, au 10 rue Nicolas-Appert. "Telle est l'histoire véridique du 7 janvier 2015, rapportée par ceux qui l'ont vécue et qui ont survécu aux balles des frères Kouachi", annonce le journal. Suit une description précise de ce qu'il s'est passé, de l'anniversaire de Luz à "la dernière grande engueulade" jusqu'à l'arrivée et le carnage des "tueurs aux jambes noires". Un plan de l'ancienne rédaction de l'hebdo avec les bureaux des différents membres de la rédaction accompagne même l'article.

Les dessins des disparus

Au centre de ce numéro, un cahier de dessins des disparus. On retrouve Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré représentant la laïcité comme ils l'entendaient. De nombreux dessins font ainsi écho à l'édito de Riss. Sur un bord, Honoré dénonce la position de l'Eglise sur la contraception, l'avortement et l'homosexualité. Sur un autre, Tignous critique le voile intégral. Non loin de là, Wolinski illustre la loi de séparation de l'église et de l'Etat de 1905. Entre ces revendications, le lecteur pourra également regarder les illustrations d'actualités variées, des sujets politiques à économiques. 

Les nombreux soutiens à Charlie

Le journal se termine sur une page reprenant les messages de soutien reçus par Charlie Hebdo. Fleur Pellerin, ministre de la Culture, écrit par exemple : "Tous ceux qui nous ont quittés en ce terrible mois de janvier me manquent cruellement, parce que j'aimais cette âme d'enfant tapie derrière un esprit farceur et cet amour de la vie qui rayonnait à travers chaque dessin. Pour nous tous, continuez de créer, de dessiner la liberté."

A ses côtés, de nombreux artistes crient leur amour pour le journal et ses idéaux. "Mon cœur bat encore pour Charlie", fait savoir Charlotte Gainsbourg. "C'est tellement bon de se marrer en vous lisant", affirme François Cluzet. Isabelle Adjani, Juliette Binoche, l'écrivain Russell Banks ou encore le musicien Ibrahim Maalouf, encouragent eux aussi le journal.

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