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Foot : Tahiti, l'équipe "Rasta Rockett" de la Coupe des confédérations

C'est l'histoire d'un alpiniste, d'un comptable et d'un chauffeur de camion qui vont défier l'Espagne et l'Uruguay. Et ça commence samedi, au Brésil.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les joueurs tahitiens lors de leur arrivée au Brésil, pour la Coupe des confédérations, le 7 juin 2013. (DOUGLAS MAGNO / AFP)

On les appelle les Toa Aito, "Guerriers de fer" en VF. Pourtant, les footballeurs tahitiens ne débarquent pas en terrain conquis à la Coupe des confédérations, qui se déroule au Brésil à partir du 15 juin, et qui oppose huit équipes, les meilleures de chaque continent. Tahiti, la 135e "nation" mondiale, coincée au classement Fifa entre le Soudan et le Rwanda, est cotée à 500 contre 1 pour remporter la compétition. Elle a néanmoins gagné, à la surprise générale, la Coupe des nations océaniennes 2012. Et devra jouer contre le Nigeria, champion d'Afrique, l'Espagne, championne d'Europe et du monde, et l'Uruguay, champion d'Amérique du Sud. Rien que ça...

Un alpiniste et un comptable pour défier l'Espagne

Tahiti n'est pas un pays au sens strict du terme, mais l'île principale d'une collectivité d'outre-mer rattachée à l'Hexagone : la Polynésie française. Mais comme l'Ecosse, qui n'est qu'une partie du Royaume-Uni, Tahiti peut néanmoins participer à des compétitions officielles.

Son profil fait furieusement penser à celle de l'équipe de Jamaïque qui avait participé aux épreuves de bobsleigh aux Jeux olympiques d'hiver de Calgary (Canada) en 1988. Histoire qui avait inspiré le film Rasta Rockett (1993). Tahiti est en effet la première équipe non-professionnelle à se qualifier pour un tournoi de cette importance. A l'exception de l'ancien joueur de Nantes Marama Vahirua, les autres joueurs sont comptable, livreur, chauffeur de poids lourd, pêcheur ou même... alpiniste. L'attaquant Samuel Hnanyine livre ainsi des sacs de 50 kilos de farine. L'entraînement collectif, quotidien depuis quelques semaines, pèse pour les joueurs. "C'est dur, reconnaît le gardien Mikaël Roche dans une interview au site de la Fifa. On commence tôt chaque matin. Ce n'est pas très physique, mais quand même exigeant. J'ai à peine le temps de repasser à la maison pour chercher mon sac, les délais sont serrés." Un tiers des joueurs sont au chômage, conséquence de la crise économique qui frappe l'archipel polynésien. 

Une contrée de football, Tahiti ? "Beaucoup de gens sont surpris qu'on joue sur de la pelouse, et pas sur la plage, pour le fun. Mais on joue et on s'améliore", se félicite le président de la fédération tahitienne, cité par Reuters. Un clip officiel de la Fifa envoie un message contradictoire : on y voit les enfants jouer sur la plage et la voix off dit : "A Tahiti, le football est une religion." "Le foot est un peu en déclin car le futsal et le beach soccer attirent davantage les jeunes", reconnaît l'international Tamatoa Wagemann, sur Asian Oceanian Football.

"On ne va pas au Brésil pour se faire prendre en photo"

Les Tahitiens ont-ils la moindre chance ? Leurs matchs de préparation ont alterné le bon (plusieurs victoires contre des équipes de D2 brésilienne) et du très inquiétant (un 0-7 concédé contre les moins de 20 ans du Chili). "On ne va pas au Brésil pour se faire prendre en photo avec Sergio Ramos, David Villa ou Diego Forlan, mais pour représenter notre pays et bien figurer", veut croire Marama Vahirua.

Le sélectionneur, Eddy Etaeta, est moins ambitieux. Pour lui, ne pas prendre de but pendant une mi-temps serait déjà positif. "Pour la compétition au Brésil, nous n'allons pas proposer un jeu très offensif. Je pense que pour les deux derniers matchs, nous allons regarder le chronomètre au détriment de l’évolution du score", confie-t-il au site spécialisé Sharkfoot. Les Tahitiens se sont même préparés à évoluer dans une ambiance de feu, en s'entraînant au son de haut-parleurs simulant un public déchaîné.

Reste leurs armes secrètes. L'entraînement à base de compétitions de pirogues du sélectionneur et... la potion magique made in Tahiti, le poisson cru baignant dans le lait de coco, "qui rend invincible" d'après une vidéo postée par les supporters. Ces ingrédients seront-ils suffisants pour briller dans la compétition ?

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