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Fralib : Montebourg remet direction et salariés autour de la table sans les accorder

Le ministre du Redressement productif était à Gémenos (Bouches-du-Rhône) auprès des salariés de l'usine menacée de fermeture. Leur expulsion du site est reportée. Différents scénarios sont à l'étude.

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, s'est rendu à Gémenos (Bouches-du-Rhône) pour rencontrer les salariés de Fralib, vendredi 25 mai 2012. (FRED DUFOUR / AFP)

Le groupe Unilever a accepté que les salariés qui occupent le site de Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône) ne soient pas expulsés à partir du 1er juin, date butoir fixée par la justice. C'est le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, présent sur place, qui l'a annoncé au personnel, vendredi 25 mai.

Toute demande d'expulsion est reportée à fin juin, "pour permettre l'émergence d'une solution", précise le groupe anglo-néerlandais propriétaire de Fralib. La société s'est dit également d'accord pour rouvrir les négociations sur le sort de l'usine, la seule en France à fabriquer les thés Lipton et les infusions Eléphant, qui est menacée de fermeture faute de rentabilité.

Arnaud Montebourg a nommé un médiateur pour étudier les différents scénarios de reprise dont, en premier lieu, celui que proposent les salariés. FTVi dresse la liste des différents projets à l'étude et des promesses du nouveau gouvernement.

1. La fermeture de l'usine

La procédure de fermeture pour "défaut de compétitivité" de Fralib a été engagée le 28 septembre 2010. Un plan social a été validé le 20 avril par le tribunal de grande instance de Marseille mais les syndicats ont fait appel. Selon la direction, "chacun des 103 salariés a reçu une offre d'emploi aux mêmes qualifications et conditions de salaire dans une autre usine d'Unilever en France".

En outre, des mesures d'accompagnement seraient mises en place pour les salariés ne souhaitant pas être reclassés. Fralib souligne par ailleurs qu'il s'agit d'un projet de "réduction" face à la surproduction globale de l'entreprise et non d'une "délocalisation" puisque "sur les 36 machines installées à Gémenos, seules 3 seraient implantées (…) à Bruxelles".

2. Le rachat du terrain

Un compromis de vente a été signé en mars avec Sibell, un fabricant de chips de la région, qui voudrait acheter le site, dont Fralib n'est pas propriétaire, pour y implanter un entrepôt et créer ainsi une cinquantaine d'emplois.

Mais le président socialiste de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM), Eugène Caselli, a annoncé jeudi 24 mai qu'il exercerait son droit de préemption pour retarder ou empêcher la transaction. La MPM est désormais prioritaire sur le site, mais les deux sociétés propriétaires du terrain "pourront soit accepter, soit contester la légitimité de la préemption devant le tribunal administratif, soit contester le prix proposé devant le juge des expropriations, soit décider de ne plus vendre", explique La Provence.

3. Le projet des salariés

Cette annonce d'Eugène Caselli donne de la crédibilité au projet alternatif porté par les salariés d'Unilever, qui veulent reprendre l'activité à leur compte, sous forme de coopérative. Projet pour lequel François Hollande a plusieurs fois réaffirmé son soutien et qui consiste à "revenir à l'aromatisation naturelle, développer des circuits courts avec les producteurs d'herbes de la région, et des circuits solidaires avec d'autres producteurs, asiatiques notamment", détaille Libération.

Ce plan serait viable, d'après les collectivités locales et… François Hollande. Lors d'une rencontre avec syndicats et salariés de l'usine en août 2011, il avait en effet estimé : "L'objectif serait de convaincre Unilever de céder la marque Elephant, les machines et de permettre à l'entreprise d'avoir le fonds de roulement nécessaire pour engager la poursuite de la production, puis chercher les partenaires industriels pour donner une pérennité à l'outil."

Mais selon Fralib, cette coopérative "conduirait à des pertes de 9 à 12 millions d'euros". Et la direction a affirmé après la visite d'Arnaud Montebourg que "la marque Eléphant, qu'elle possède depuis 40 ans, ne sera ni cédée ni vendue".

4. Le gouvernement en renfort

Concrètement, le nouveau président de la République a déjà tenu en partie ses promesses : François Hollande s'était engagé à plusieurs reprises depuis 2011 à "faire pression" sur Unilever. Attendu au tournant depuis son élection, il a réussi, par le biais de son ministre, à organiser dix jours après son investiture la table ronde que réclamaient vainement les syndicats et salariés de Fralib depuis un an et demi. Ces derniers se disent ainsi "satisfaits" de cette première action du gouvernement Ayrault.

"Notre objectif est de défendre notre outil industriel et tous les emplois qui risquent d'être supprimés", rappelle Arnaud Montebourg. Lui qui affirmait, dans une interview publiée sur le site du JDD le 19 mai, chercher "avec [son] équipe les solutions, y compris les plus audacieuses", a néanmoins nuancé, vendredi à Gémenos : "Nous avons avancé mais nous n'avons rien résolu".

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