Taxis contre Uber : les altercations se multiplient
La tension monte depuis que l'entreprise américaine a ouvert son service UberPop dans plusieurs villes de France.
Les taxis ne décolèrent pas depuis que l'entreprise américaine Uber a annoncé l'extension de son service UberPop dans plusieurs villes de province, début juin. Malgré la publication de plusieurs arrêtés préfectoraux interdisant cette activité, comme dans le département du Rhône jeudi, les chauffeurs de taxi estiment que les autorités ne mènent pas une lutte suffisante contre l'application UberPop, qui met en relation des conducteurs et des passagers pour un trajet.
Dans plusieurs villes, de nombreux chauffeurs de taxi ont donc tendu à leurs adversaires des guets-apens, qui se sont parfois conclus par des échauffourées. Des violences qui vont crescendo.
A Lyon, un homme dit avoir été violemment frappé
par des chauffeurs de taxi
A Lyon (Rhône), des chauffeurs de taxi s'en seraient pris à un client. Alexandre, un homme de 27 ans, assure avoir été violemment agressé dans la nuit de samedi à dimanche, dans le quartier de la Confluence. Il affirme avoir été frappé au visage à coups de poing par deux chauffeurs de taxi. Il a fini avec le nez et le sinus maxillaire fracturés et vingt et un jours d'incapacité temporaire de travail.
Alexandre, 27 ans, explique à francetv info qu'il s'apprêtait à monter avec un ami dans un taxi "dont le voyant était au vert", mais que le chauffeur avait refusé, affirmant être en grève. "Je lui signale qu'il aurait pu mettre son voyant en rouge, il se met à m'insulter, alors je lui lance : 'Ce n'est pas étonnant que des personnes choisissent de plus en plus UberPop'".
Selon Alexandre, "c'est cette phrase qui a déclenché la fureur". Pas celle du premier chauffeur de taxi. "Le ton est monté, mais quelqu'un nous a séparés et on a fini sur une note plus sympathique", a précisé le jeune consultant parisien, en séminaire à Lyon ce soir-là. C'est en se rabattant vers un vélo de location, en compagnie de son ami, qu'Alexandre se fait attraper par l'épaule par deux hommes, "cent mètres plus loin". Les coups pleuvent. Pour lui, il ne fait aucun doute que ses agresseurs étaient des chauffeurs de taxi. Pour l'instant, aucune garde à vue de chauffeur n'est toutefois confirmée par la police à francetv info. Le jeune homme a fini avec le nez et le sinus maxillaire fracturés et vingt et un jours d'incapacité temporaire de travail.
A Strasbourg, un conducteur UberPop arrosé d'œufs et de farine
A Strasbourg, deux agressions ont eu lieu mardi 16 et mercredi 17 juin. Dans les deux cas, des chauffeurs de taxi se sont fait passer pour un client d'UberPop, puis ont amené le conducteur dans un endroit isolé, où l'attendaient d'autres chauffeurs de taxi. Le conducteur UberPop a alors été pris à partie et son véhicule endommagé.
Lors de la première agression, mardi, la victime a été arrosée d'œufs et de farine. Une vidéo de cet incident a été mise en ligne sur YouTube. "Nous avions prévenu la police quelques minutes auparavant", a expliqué Roger Ritter, le vice-président du syndicat départemental des artisans taxi, qui a "approuvé ces actions", "tant qu'on en reste à la farine et aux œufs".
A Nice, un guet-apens tendu par une trentaine de taxis
A Nice également, une trentaine de chauffeurs de taxi ont démoli mardi 16 juin une voiture UberPop attirée dans un traquenard, et ont frappé son chauffeur, très choqué et légèrement blessé.
"On m'a appelé via l'application. Jardin Albert Ier, deux hommes sont montés à l'arrière. J'ai démarré. Mais, quelques secondes après, je me suis retrouvé entouré par plusieurs voitures [au moins six, selon nos informations] et je n'ai pas pu passer", a raconté l'homme au journal Nice Matin. Et de poursuivre : "Ils ont cassé les vitres de ma voiture, ont mis des coups de pied. Mes passagers étaient en fait leurs complices et ont participé à l'agression. Ils ne se sont dispersés qu'à l'arrivée de la police. Je suis très choqué. Ce sont des voyous."
A Lille, le chauffeur UberPop remis à la police
Dans la banlieue de Lille, une embuscade a été tendue jeudi 18 juin par des membres du syndicat Union des taxis (UNT) du Nord à un chauffeur UberPop. Celui-ci a été remis à la police, dans le but de faire respecter l'arrêté d'interdiction publié fin mai par le préfet du Nord.
"Nous avons commandé une voiture grâce à l’application UberPop, toujours active", a expliqué à 20 Minutes Bruno Lambrechts de l’UNT. "Un collègue est monté dedans pour se faire conduire jusqu’à B’Twin Village, à Hellemmes, où une trentaine de taxis attendaient." Le chauffeur de Uber, un retraité de 70 ans, a été bloqué à cet endroit et remis à la police. Ce sera ensuite au parquet de Lille de poursuivre ou non le chauffeur. Le syndicat de taxis a annoncé son intention de poursuivre ses actions.
A Nantes, un chauffeur UberPop agressé
A l'issue de sa première journée comme conducteur UberPop, un jeune homme a été attiré dans un guet-apens lundi 8 juin, selon Ouest France. En fin de journée, un faux client a demandé au chauffeur UberPop de le conduire de la gare à l'aéroport. "Un premier homme s'est approché de moi. Il a été suivi d'un groupe. Ils étaient six ou sept. Des taxis", a-t-il expliqué au quotidien régional.
Ces taxis l'ont alors insulté. "Ils m'ont mis la pression. Ils disaient : comment on va nourrir nos familles ? Tu prends notre travail !" La carrosserie de sa Mercedes rouge a été rayée, son essuie-glace endommagé et trois de ses pneus crevés. Il a porté plainte.
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