Intoxication géante au monoxyde de carbone lors d'un jeu de rôle : "On a évité le pire"
Les 200 participants à cet évènement ont dû être évacués en urgence de la cave où le jeu était organisé. Les secours ont dû faire venir de l'oxygène de tout le département.
Ils devaient passer deux jours dans une ambiance post-apocalyptique, résultant d'une guerre nucléaire globale et adaptée du jeu vidéo Fallout. Plus de 150 participants à un jeu de rôle grandeur nature à Langeais (Indre-et-Loire), près de Tours, ont été intoxiqués au monoxyde de carbone, samedi 8 août, rapporte France 3 Centre-Val de Loire.
Déguisés, avec des accessoires, plus de 200 personnes, venues de toute la France et de Belgique, ont dû être évacuées de la cave troglodytique où était organisé le jeu. Une ancienne champignonnière de quatre hectares, louée par l'association qui organisait l'événement, Les mines de la Moryah. Le coup d'envoi du jeu a été donné samedi à midi. En fin d'après-midi, des premiers symptômes ont éveillé l'attention des organisateurs.
"C'était spectaculaire"
Marc Jacquemet, l'un des organisateurs de ce jeu de rôle grandeur nature, décrit à francetv info "des maux de tête, des nausées, des refroidissements...". "Au départ, ce n'était que quelques cas isolés, mais ils se sont multipliés", raconte-t-il. "On était en plein jeu de rôle donc on ne s'est pas inquiété au début", explique Mathilde, l'une des participantes, interrogée par France 3. En plus, on est sous terre. Donc c'est un peu habituel d'être fatigué et d'avoir des maux de tête. Au fur et à mesure, quand dans tous les groupes, on a constaté qu'il y avait beaucoup, beaucoup de personnes touchées, on s'est inquiétés davantage", dit-elle.
L'organisation du jeu dispose de son propre poste de secours, avec médecins et infirmiers qui examinent les premiers cas et détectent la "possibilité d'une intoxication au monoxyde de carbone". Avec les pompiers et le Samu, ils décrètent l'ordre d'évacuation générale "pour ne prendre aucun risque", témoigne Marc Jacquemet.
Plus d'une centaine de pompiers sont mobilisés, des dizaines d'ambulances bloquent les alentours, les gendarmes se rendent sur place, tout comme le sous-préfet d'Indre-et-Loire. "C'était spectaculaire", assure l'organisateur du jeu du rôle. Il faut alors tester le taux de monoxyde de carbone dans le sang de chaque participant. "La procédure a été assez longue car il n'y avait que deux appareils. Mais les pompiers ont salué le sang-froid et la discipline de chacun", souligne Marc Jacquemet. "Il n'y a pas eu de panique, ça n'a pas empêché des crises de larmes ou d'angoisse, bien sûr, car les conditions étaient difficiles." "Il y a eu deux ou trois crises de panique car le déploiement des secours était impressionnant", abonde Kevin devant la caméra de France 3.
"On a vidé tout le stock d'oxygène du département !"
Au total, 152 personnes sont positives au monoxyde de carbone, mais à de faibles taux. Deux mineurs et leurs parents ont été hospitalisés "à titre préventif". Dans la soirée, l'ensemble des participants est accueilli dans le gymnase de Langeais, où ils passeront la nuit. Pour les secours, c'est le casse-tête : il faut trouver 152 bouteilles d'oxygène. "On a vidé tout le stock du département !", sourit Marc Jacquemet. Les moyens des pompiers et du Samu ont été mutualisés, et "une demande de bouteilles supplémentaires a été faite auprès du groupe Air Liquide", explique le directeur du service départemental d'incendie et de secours, à La Nouvelle République.
Toutes les personnes touchées ont donc été mises sous oxygène à tour de rôle jusqu'à ce que leur taux dans le sang ne remonte. "Cela prend plusieurs heures, mais à cinq heures du matin, dimanche, plus une seule personne n'était intoxiquée", raconte l'organisateur qui salue des "secours extrêmement efficaces".
Un groupe électrogène en cause ?
Le site qui accueillait le jeu a également était ventilé et ne présente plus de risques. Les causes de l'intoxication restent à déterminer par l'enquête. Les organisateurs, "prudents", attendent ses conclusions, mais soupçonnent "le moteur à combustion d'un groupe électrogène" qui alimentait la cave géante. Une réunion avec les autorités locales et les organisateurs, qui ont déjà géré une dizaine d'événements de ce type, doit se tenir oour fixer le devenir du site qui "reste fermer par mesure de sécurité".
"On avait déjà fait des événements du même type, une dizaine environ. Il n'y a jamais eu d'incident, avec toujours le même système et des groupes électrogènes", explique Marc Jacquemet. Et il se félicite : "Heureusement que nous ne sommes pas des débutants. Nous avons eu les bons réflexes car le monoxyde de carbone est inodore et indolore. On a évité le pire."
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