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Médecins sans frontières dénonce un "tri au faciès" des mineurs sur le campement de Calais

L'ONG estime que de nombreuses personnes sont écartées du dispositif d'orientation des mineurs, sans même avoir pu décrocher un entretien. 

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des migrants patientent à l'écart d'un hangar avant d'être répartis dans toute la France, lundi 24 octobre 2016 à Calais (Pas-de-Calais). (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Médecins sans frontières (MSF) quitte le camp de Calais, mardi 25 octobre, pour protester contre la manière dont sont triés les mineurs avant d'être orientés vers des centres. "Nous allons continuer à accompagner les personnes les plus vulnérables avec une petite équipe, indique Franck Esnée, chef de mission à l'ONG, mais pour le reste, nous nous retirons physiquement de la zone." Contacté par franceinfo, le responsable de MSF met en cause la sélection des migrants.

"Tous ceux qui se déclaraient mineurs devaient avoir droit à un entretien, et en cas de doute, un deuxième entretien était prévu. Mais ce matin, j'ai vu une jeune femme de l'association France Terre d'Asile écarter un tiers des personnes [avant le centre d'accueil provisoire pour mineurs], sans même leur poser une question, explique Franck Esnée. Avec ce simple tri au faciès, il était impossible de savoir s'il y avait bien des adultes ou non !" MSF a donc choisi de ne plus informer et de ne plus orienter les mineurs vers ce dispositif, auquel, d'ailleurs, il n'est pas associé.

"Les mineurs n'ont pas été considérés"

La veille, lors de la première journée de démantèlement du camp, quelque 400 mineurs ont été enregistrés. "Mais au vu du tri au faciès, on peut avoir quelques interrogations sur ce chiffre", estime Franck Esnée. Près de 1 300 personnes se sont déclarées mineures lors d'un récent recensement par l'association France Terre d'Asile."Les mineurs n'ont pas été considérés dans le démantèlement, accuse Franck Esnée. On nous avait pourtant dit qu'il y avait le temps pour eux, qu'on n'était pas pressés pour les évacuer."

Du côté de France Terre d'Asile, on dénonce une "polémique qui n'a pas lieu d'être" et on rappelle que 800 mineurs ont été mis à l'abri en deux jours. "Un certain nombre de personnes veulent figurer dans la file des mineurs, explique à franceinfo le président de l'ONG, Pierre Henry, car elles pensent que c'est le moyen le plus sûr pour aller en Grande-Bretagne." Selon lui, seuls sept migrants ont été écartés lundi. "Ils sont passés dans la file des adultes et sont partis en centre d'accueil et d'orientation avec le sourire." Le doute bénéficie à celui qui se prétend mineur, précise-t-il, et des instances de rattrapage existent encore, si un mineur se retrouvait par erreur dans un centre d'accueil et d'orientation pour adultes.

"A l'entrée du sas, une association ayant compétence en la matière est en charge de faire entrer les mineurs", a indiqué la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio. France Terre d'Asile "écarte ceux qui sont manifestement majeurs, c'est-à-dire qui dépassent d'évidence et de plusieurs années l'âge de la majorité (...). Les mineurs bénéficient d'un traitement différencié et d'une protection particulière", a-t-elle ajouté, notamment parce qu'"il est procédé à l'examen de leur situation par le Home Office britannique, assisté de l'Ofpra." Avant tout passage au Royaume-Uni, le fin mot revient aux autorités britanniques.

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