Gestation pour autrui : Christiane Taubira embarrasse les députés PS
En plein débat sur le mariage pour tous, la ministre de la Justice a pris tout le monde par surprise en relançant le débat sur la GPA. Mauvais timing, selon de nombreux députés PS.
Christiane Taubira a-t-elle commis une maladresse, ou a-t-elle délibérément relancé le débat sur la gestion pour autrui (GPA) ? Dans une circulaire publiée vendredi 25 janvier et révélée par Le Figaro et Le Parisien mercredi 30, la ministre de la Justice recommande simplement d'accorder la nationalité française aux enfants nés "par procréation ou gestation pour le compte d'autrui" à l’étranger, et ce alors que la France interdit la GPA sur son sol. Cela concernerait une quarantaine de cas selon le gouvernement, mais "plusieurs milliers" selon l'association des familles homoparentales.
Au moment même où débute à l'Assemblée le débat déjà tendu sur l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe, cette circulaire a aussitôt suscité la colère de la droite, qui accuse le gouvernement de "légaliser en catimini" la GPA. Mais Christiane Taubira s'est également attirée les critiques des députés de sa propre majorité, qui défendent le bien-fondé de la circulaire mais reprochent à leur garde des Sceaux "un mauvais timing".
"La publication de cette circulaire était inopportune"
"La circulaire est une réponse très pragmatique à un problème qui nous interpelle", souligne Patrick Bloche (PS) sur le site internet du Nouvel Obs, mais "il n'y avait pas d'urgence à la publier. Je ne souhaite pas, dans un débat parlementaire aussi clivé que l'est celui sur le mariage pour tous, que l'on donne inutilement des arguments à nos opposants". Et de conclure, cinglant, que "la publication de cette circulaire était inopportune".
Un avis que partagent bon nombre de députés socialistes interrogés mercredi par francetv info. "Envoyer cette circulaire à ce moment-là laisse entendre que nous, socialistes, serions favorables à la GPA, ce qui n'est absolument pas le cas !", tempête le député Marcel Rogemont, qui parle d'un acte "pas très intelligent". "Ça jette le trouble dans l'opinion", regrette également son collègue Jean-Pierre Blazy. "Christiane Taubira a sans doute voulu bien faire, mais c'est vrai que ça tombe un peu au mauvais moment. On donne inutilement du grain à moudre à nos opposants", acquiesce Guy Delcourt. Si la circulaire était "tombée dans quinze jours", on aurait pu éviter ce "psychodrame", râle Thierry Mandon, porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée. "Ça ne vient pas vraiment étayer notre argumentaire...", euphémise le président PS de la commission des lois, Jean-Jacques Urvoas.
"Nous sommes soudés contre la GPA !"
Car tout au long de la journée, les députés de l'UMP n'ont eu de cesse de réclamer des comptes à Christiane Taubira sur cette question de la gestion pour autrui, plutôt que sur le mariage des homos. Garde des Sceaux sous Lionel Jospin, Elisabeth Guigou refuse cependant d'accabler l'actuelle ministre. Et veut croire que ce couac aura eu "au moins une grande vertu : celle de montrer que nous, députés socialistes, sommes soudés contre la GPA". Pas sûr que tout le monde ait retenu cet enseignement.
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