Google Maps enfreindrait la loi européenne sur la protection des données
Un organisme allemand dénonce la manière dont le géant américain pousse ses utilisateurs à partager des informations sensibles.
Le retour de Google Maps sur iOS fait grand bruit. D'abord, parce que l'application squatte la première place des plus téléchargées depuis sa sortie, le 13 décembre. Mais la deuxième raison est moins glorieuse : elle violerait la loi européenne sur la protection des données personnelles. Et ce n'est pas la première fois que Google se fait épingler à ce sujet en Europe. Explications.
Pas de consentement formel
A la première ouverture de l'application de navigation, l'utilisateur doit accepter "les conditions d'utilisation et les règles de confidentialité". Jusque-là, rien d'anormal. Sauf qu'on lui propose aussi d'aider à "améliorer les produits Google" en permettant l'envoi de ses données, et ce "de manière anonyme". Or, ce qui pose problème, c'est que l'option est activée par défaut.
C'est cette absence de consentement non équivoque qui enfreindrait la législation européenne sur la protection des données, affirme Marit Hansen, du Centre indépendant pour la protection des données du Schleswig-Holstein (Allemagne), citée par ComputerWorld (CW, en anglais) le 14 décembre. Le fait de pouvoir décocher la case est insuffisant, rappelle-t-elle, et n'est pas considéré par la loi comme un "consentement" formel.
Mais Google se défend. "La collecte des informations de localisation se fait uniquement avec le consentement des utilisateurs, qui peuvent à tout moment choisir de désactiver cette option", a affirmé un porte-parole de Google au site néerlandais Webwerld. Certes, mais "c'est bien caché", indique le site spécialisé iPhonesoft. Il faut pas moins de six étapes pour atteindre la fameuse case à décocher.
Un anonymat ambigu
Marit Hansen remet aussi en question l'anonymat évoqué par Google Maps. Elle juge que "des données de localisation anonymes" restent des "données personnelles", selon la législation européenne, indique CW.
Ces informations sont particulièrement sensibles, argue-t-elle, puisqu'elles concernent la localisation de l'utilisateur et ses trajets, autant de détails qui permettent de déduire l'endroit où il vit. De plus, Marit Hansen estime que ces données de localisation contiennent des marqueurs qui permettent d'identifier à qui elles appartiennent.
L'Europe en guerre contre Google
Ce n'est pas la première fois que le géant américain fait jaser en Europe. Depuis près de trois ans, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) conteste sa politique en matière de protection de la vie privée, rappelle Le Nouvel Obs.
Après lui avoir infligé une amende de 100 000 euros en 2011 pour son service de navigation virtuelle Street View, elle a donné en octobre quatre mois à Google pour se mettre en conformité. Mais l'intéressé fait toujours la sourde oreille et risque des sanctions de la part de l'Union européenne.
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