Adolescents et téléphones portables : "Les parents et l'école ont leur rôle à jouer"
Problème de santé publique ou outil de socialisation ? Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, analyse les rapports qu'entretiennent les adolescents avec leur mobile, à l'occasion des 17e journées mondiales sans téléphone portable.
Êtes vous capable de vous passer de votre smartphone pendant 24 heures ? C'est le défi du lundi 6 février, à l'occasion de la 17e édition des journées mondiales sans téléphone portable. En 2016, selon une étude Deloitte sur les usages mobiles, 77% des Français possédaient un smartphone.
Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, membre de l’Académie des technologies, a analysé sur franceinfo le rapport que peuvent entretenir les adolescents avec leur téléphone mobile. Il a rappelé que les parents et l'institution scolaire "ont un rôle à jouer".
franceinfo : Pourquoi les adolescents sont accros au téléphone mobile ?
Serge Tisseron : Le mot d'addiction n'est pas retenu, on parle plutôt de phobie : c'est plus l'anxiété d'être séparé de son téléphone. Les ados ne sont pas les seuls à être "accros". On est accro quand on a besoin d'être réactif à la minute, à tous les événements. Les ados ont le désir d'explorer toutes les nouvelles applis. Ils sont en train de se constituer un réseau social. Cela leur prend beaucoup de temps.
A quel moment le téléphone portable devient-il un problème ?
On ne dort pas avec ses chaussures la nuit, on ne doit pas dormir avec le téléphone mobile. C'est un vrai problème de santé publique, par rapport au trouble du sommeil, par rapport à la fuite de l'activité scolaire (les enfants qui consultent en cachette pendant les cours). Mais en même temps, ce téléphone mobile est un outil tellement polyvalent que quand on sait l'utiliser il peut être un formidable outil de socialisation.
Est-ce aux parents de fixer les règles ?
Chacun a son rôle à jouer. Les parents ont un rôle important, mais l'institution scolaire aussi. En CE2, CM1, CM2, il faudrait que les enfants soient sensibilisés aux pièges de la communication à travers les écrans où on risque de se dire des choses qu'on ne se dirait jamais en face en face, des choses qui fâchent. Il y a une vraie éducation à faire sur les pièges et les usages des outils numériques en fin d'école élémentaire. Il faut revaloriser les bienfaits de la communication en face à face.
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