Invité : Edouard Louis : "En finir avec Eddy Bellegueule"
Il est né dans une famille pauvre de Picardie et il aurait dû passer un CAP et jouer au foot, mais il a très vite compris qu'il était différent. Il l'a compris et il en a souffert, parce qu'on lui a fait payer cette singularité. Il y eu les insultes, la violence jusqu'à l'outrance. Aujourd'hui, il a changé de vie. Ce rescapé de 21 ans est à Normale Sup' et il signe un livre bouleversant sur son parcours. Notre invité des Cinq Dernières Minutes, c'est Edouard Louis. Bonjour et merci d'être avec nous pour "En finir avec Eddy Bellegueule", votre premier livre publié au Seuil. Eddy Bellegueule, c'est votre vrai nom, votre nom de naissance, on comprend bien, c'est une part de vous-même que vous avez voulu tuer avec ce livre.
Edouard Louis : Oui. C'était moi, ou plutôt ce que l'on avait fait de moi. C'est le récit de l'enfance subie d'un petit garçon, pas accepté. Il grandit dans un milieu où il 'est pas accépet, comme à l'école, car il est homosexuel. Tous les jours il subit les insultes, les crachats. Rompre avec ce passé, c'est rompre avec son nom.
Elise Lucet : Il ya les insultes que vous subissez, PD, tapette, personne autour de vous ne va supporter cette singularité.
Edouard Louis : J'avais l'impression que ces réalités que je décrivais, on n'en parlait pas. Particulièrement des réalités invisibles en littérature. Un geste littéraire doit montrer l'invisible. C'est une perception différente de la réalité, de ne pas faire pléonasme avec le monde.
Elise Lucet : Est ce que c'est aussi que ce rejet est universel.
Edouard Louis : La domination et l'exclusion est au fondement de l'ordre social. Le petit pédé, le petit youpin, le petit bougnoule. Il y a l'homosexualité, mais beaucoup de gens ont vécu mon histoire en tant que bougnoul, youpin ou gros. Il y avait une volonté politique derrière mon livre. On én peut pas dissocier littérature ét politique. Mon livré améné a voir d'autres réalités.
Elise Lucet : Dans votre écriture, vous avez tout voulu restituer, la violence, les mots qui blessent, l'alcool, le froid, la misère, c'est comme un monde caché qui emmerge, dont on ne parle pas.
Edouard Louis : Soit on ne le voit pas, soit on refuse de le voir. Je voulais montrer cette volonté politique et littéraire. je ne cache pas mon embarras. Je suis embarrassé d'être sur une chaîne qui diffuse les J0, dans un pays qui massacrent les gays.
Elise Lucet : Aujourd'hui vous êtes à Normale Sup', un brillant étudiant, On en parle, mais qu'est-ce qu'on fait? Je veux que la klittérature soit un appel à l'action, à la révolte. vous auriez pu souhaiter tourner la page et ne surtout pas vouloir évoquer ces années sombres, pourquoi avoir fait le choix inverse, parce que vous traitez d'un sujet universel.
Edouard Louis : Je savais que je m'en étais sorti et que beaucoup d'autres n'en sortaient pas. Je voulais changer cet état des choses. Il fallait faire un retour sur soi pour s'arracher à ce que j'avais été.
Elise Lucet : Peut on dire que vous vous êtes libéré, qu'aujourd'hui Edouard Louis a choisi sa vie.
Edouard Louis : Oui, d'une certaine manière. Un appel à la révolte, à se réinventer, à la fuite. La fuite est révolutionnaire. Quand on fuit, on fait fuir le système, avec ces gays massacrés et Russie ou ailleurs. On a envie de tous les accueillir ici. La littérature doit transmettre ce message.
Elise Lucet: "En finir avec Eddy Bellegueule", c'est vraiment un des livres évènement de cette rentrée et c'est bouleversant, c'est publié au Seuil.
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