Invité : Jean-Claude Kaufmann : "Identité, la bombe à retardement"
Sociologue au CNRS, il a d'abord traqué les petits travers de notre vie quotidienne, disséqué l'amour et ses dérives, en a fait des livres passionnants. Aujourd'hui, il signe un essai qui est aussi un signal d'alerte sur le repli identitaire. Notre invité des Cinq Dernières Minutes, c'est Jean-Paul Kaufmann. Bonjour et merci d'être avec nous pour "ldentité : la bombe à retardement" publié chez Textuel. Ce terme "bombe a retardement" est assez inquiétant. Où est le danger dans la manière dont nous vivons l'identité aujourd'hui.
Jean-Claude Kaufmann : j'ai héisté avant d'écrire ce titre. Je suis quelqu'un d'optimiste. Le moment est venu de pousser un cri d'alarme. Je vois les dangers monter. L'identité est essentielle. Il y a l'identité vis à vis de l'adminstration, c'est neutre. Mais il y a une autre donnée : la question identitaire.
Elise Lucet : Vous commencez des les premières pages en disant que définir son identité par ses racines est une erreur.
Jean-Claude Kaufmann : Chacun a une histoire. Le pluriel est important : on a des La nouvelle société est centrée sur l'individu. Il décide de tout, mais doit construire aussi son système de valeurs. Ce processus crée des déséquilibres et fait du mal aux plus faibles. On se protège dans une coquille, une bulle.
Elise Lucet : Pourquoi alors dans le monde d'aujourd'hui chacun a-t-il tendance à se replier sur cette identité, ses racines, par peur, parce qu'on a peur de se dissoudre dans le grand tout de la mondialisation.
Jean-Claude Kaufmann : Il faut trouver des repères. L'individu définit lui-même sa morale et essaie de trouver son identité. On cerche des évidences : ce qui fait sa vie, son histoire. On se raconte l'histoire de soi-même et recoller les morceaux.
Elise Lucet : Mais revendiquer son identité peut être positif. Qu'est-ce qui vous inquiète depuis peu, c'est que les frontières entre les différentes communautés sont de plus en plus imperméables.
Jean-Claude Kaufmann : Les cultures et origines sont les ressources et les richesses de chacun. On est rien sans les autres, sans les autres cultures. Mais les dogmes sont dangereux.
Elise Lucet : C'est une machine infernale que vous nous décrivez. Que faudrait-il faire pour que l'identité ne soit pas une prison ou un symbole du repli sur soi.
Jean-Claude Kaufmann : C'est le point faible du livre, je n'ai pas de réponse. Les frontières se durcissent, l'intolérance aussi. En plus, on désigne l'autre comme facteur de toutes les souffrances. Je n'ai pas de réponse mais il faut se pencher sur cette question d'identité. J'envoie un signal, notamment aux politiques. Nous sommes au coeur du crise financière qui n'est pas terminée. Derrière cette crise financière, il y a une crise de civilisation. Nous sommes dans une civilisation à bout de souffle.
Elise Lucet : Jean-Claude Kaufmann "ldentité : la bombe à retardement" publié chez Textuel.
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