Jeunes diplômés : ils fuient la France
La France ne fait plus rêver les jeunes diplômés d'écoles de commerce. 25 % partent à l'étranger des l'obtention de leur diplôme. Meilleur statut, meilleur salaire et meilleure qualité de vie. Portraits en Angleterre et en Australie.
Les plages de Sydney en Australie. C'est désormais la nouvelle vie de Jean-Philippe Gilbert, 26 ans. Avant d'aller travailler, ce diplômé d'école de commerce se rafraîchit les idées dans les rouleaux. Un décor différent des tours de La Défense où il a fait son 1er stage.
Je ne dirais pas que j'ai voulu fuir ça, mais j'avais besoin de voir comment ça pouvait être ailleurs.
Il est employé dans la filiale australienne de cette entreprise française de chariots élévateurs, où il est responsable marketing, un poste à haute responsabilité pour un premier emploi, ce qui est difficile à imaginer en France.
Je n'aurais pas eu autant de responsabilités en France. J'aurais été certainement cantonné à quelques tâches au service marketing. Je recherchais quelque chose de très polyvalent, avec des opportunités.
Alexandra Hayate a fait la même école de commerce que Jean-Philippe, mais elle a choisi Londres et la City, temple de la finance en Europe.
Je ne regrette pas mon choix. Je suis vraiment très contente.
Cette jeune femme de 25 ans travaille pour une banque étrangère. Elle accompagne les achats et ventes d'entreprises. Alexandra a aussi misé sur l'étranger pour booster sa carrière, et pour fuir le pessimisme ambiant dans l'Hexagone, dit-elle.
En France, on ne vous pousse pas vers l'avant. Le climat est morose. Les gens sont négatifs. Ils font leur travail, mais n'en font pas plus. On n'essaye pas de se dépasser et c'est ce qui me manquait vraiment.
La City Girl ne compte pas ses heures, mais le salaire est là, soit autour de 3.800 euros brut.
Il faut rapporter ça au coût de la vie qui est élevé à Londres. On commence avec des salaires plus élevés, 20 % par rapport à la France.
Jean-Philipe gagne lui-aussi très bien sa vie. Il renégocie son salaire en ce moment, soit 5.500 euros brut. Un parcours sans faute, un talent qui quitte la France, sans remords.
Je me construis à l'étranger et je m'enrichis culturellement et professionnellement, pour ensuite revenir avec de nouvelles compétences.
Dans leur promotion, un tiers des jeunes sont partis à l'étranger, principalement en Europe : en 1995, 15 % des jeunes diplômés partaient, soit plus du double aujourd'hui, et ce n'est pas seulement dû à la crise économique en France.
La mondialisation qui a atteint tous les marchés, touche celui de l'emploi. C'est peut-être aussi un phénomène Internet, car c'est plus facile de chercher un emploi à l'étranger.
Les départs au loin sont aussi facilités par les études, avec de nombreux stages organisés hors de France. Jean-Philippe et Alexandra font partie de cette génération Erasmus. Pour ces jeunes, un billet aller ne signifie pas forcément un billet retour.
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