JO de Londres : la pire promotion du monde ?
LONDRES - Avant même le début des JO, le logo, le clip, les mascottes et l'hymne de London 2012 ont beaucoup fait parler d'eux.
C'est bien connu, des Jeux olympiques qui se respectent se doivent d'être accompagnés de leur clip, de leur logo, de leur mascotte et de leur hymne. Mais les choix du comité d'organisation de Londres 2012 pour promouvoir "leurs" olympiades ont fait l'objet de beaucoup de critiques.
• Un spot qui provoque des crises d'épilepsie
"Le logo des JO de Londres est apparu à l'écran et je me suis évanoui." Christopher Filmer n'est pas prêt d'oublier la diffusion du clip promotionnel dans lequel le Comité international olympique (CIO) dévoile le pictogramme de Londres 2012. Le 4 juin 2007, alors qu'à l'écran un plongeur se jette dans une piscine multicolore, le Britannique fait une crise d'épilepsie, comme il le confiera à la BBC London (lien en anglais).
Le lendemain de la diffusion, une organisation sanitaire interpelle le comité d'organisation des JO après de nombreux coups de fil de personnes ayant fait une crise d'épilepsie devant leur poste de télévision. Epilepsy Action s'inquiète publiquement des conséquences de ce clip pour les 23 000 Britanniques souffrant de troubles épileptiques. "Nous remercions le comité olympique de retirer la séquence animée et nous espérons que cette version ne sera plus diffusée maintenant que l'on sait qu'elle peut être dangereuse pour les personnes photosensibles", écrit l'organisme sur son site internet (lien en anglais).
Les organisateurs des JO ont donc fait marche arrière en réalisant un nouveau clip, beaucoup moins chatoyant que le précédent. Le spot original, quant à lui, est toujours visible en ligne pour les amateurs de sensations fortes.
• Un logo accusé d'être raciste, obscène et trop cher
Une croix gammée cassée, un éloge au sionisme ou encore Lisa Simpson en plein acte sexuel... En révélant le logo des JO de Londres le 4 juin 2007, le comité d'organisation ne s'attendait certainement pas à ce que celui-ci soit le fruit de telles interprétations.
Face aux réactions négatives suscitées par le dessin - censé représenté le chiffre 2012 - le site internet de la BBC Sport décide de lancer un sondage pour demander à ses internautes leur avis sur ce logo, qui récolte près de 80% d'avis défavorables (sur 10 188 votants). En plus de sa laideur, de nombreux internautes s'insurgent également contre le prix exorbitant du dessin, qui aurait coûté près de 400 000 livres (512 000 euros).
Mais la polémique ne s'est pas cantonnée au Royaume-Uni. En février 2011, c'est l'Iran qui est monté au créneau contre ce qui sera l'un des symboles des Jeux de Londres. Téhéran croit ainsi voir dans ce logo le mot "Zion", autre nom de Jérusalem, la capitale d'Israël que l'Iran refuse toujours de reconnaître. "L'utilisation du mot Zion pour élaborer le logo des Jeux olympiques 2012 (...) est un acte totalement révoltant", a affirmé le président du Comité olympique iranien Mohammad Aliabadi dans une lettre au président du CIO Jacques Rogge. Une accusation qui a obligé le comité d'organisation de Londres 2012 à se défendre par la voix de son porte-parole : "Le logo de London 2012 représente l'année 2012 et rien d'autre. Il a été lancé en 2007 après des tests et des consultations et nous trouvons surprenant que cette plainte soit faite maintenant".
• Des mascottes kitschs
Après avoir été critiqués pour leur spot et leur logo, les organisateurs des Jeux espéraient peut-être que la critique épargnerait leurs mascottes, Wenlock et Mandeville. Mais là encore, le public n'a pas été tendre avec les deux personnages, que le Guardian a comparés à des "éléphants blancs".
Pourtant, le comité d'organisation s'était donné de la peine en confiant la création des deux personnages à l'agence de communication anglaise Iris, et en demandant au poète britannique Michael Morpurgo d'écrire leur histoire, racontée dans ce film d'animation diffusé sur le site officiel de London 2012 :
Si elles ont été moins critiquées que le logo des Jeux, les mascottes n'ont pas remporté l'adhésion des Anglais, qui digèrent très mal le fait que Wenlock et Mandeville aient été conçues en Chine. On pourra également s'interroger, comme le magazine américain Forbes, sur la pertinence de doter ces créatures de caméras à la place des yeux quand on sait que Londres, avec ses fameuses caméras CCTV, est la ville la plus surveillée au monde...
• Un hymne ringard
A priori, confier l'écriture de l'hymne des Jeux olympiques au groupe Muse avait tout d'une bonne idée. Mais là encore, il semble que les responsables de l'organisation des Jeux n'aient pas pris la meilleure décision possible.
Révélé le 4 juillet, Survival a reçu une pluie de critiques acides. En France, Les Inrocks ont qualifié le morceau d'"horreur garguantuesque", tandis que le Los Angeles Times le trouve "cauchemardesque". Il faut donc croire que les responsables de la promotion des JO 2012 ont eu faux sur toute la ligne.
Résumons : Un spot dangereux pour la santé, un logo trop cher et trop laid, deux mascottes avec des caméras de surveillance en guise d'œil et un hymne inaudible... Les membres du comité d'organisation des Jeux olympiques de Londres n'ont visiblement pas fait les meilleurs choix pour promouvoir ces olympiades. Mais qu'ils se rassurent : dès que la compétition aura commencé, le public devrait se passionner pour le sport et rien que le sport. Et oublier, peut-être, ces couacs de communication.
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