Bruxelles revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour la France en 2013
La Commission européenne prévoit 0,1% de croissance en France en 2013. Le gouvernement français attendait cette publication pour abaisser sa propre prévision de croissance, actuellement à 0,8%.
Comme prévu, Bruxelles est moins optimiste que le gouvernement français. La Commission européenne a présenté, vendredi 22 février, ses prévisions économiques (croissance, déficit, dette) pour les 27 pays de l'Union européenne. Voici dans le détails ce que prévoit Bruxelles pour 2013 et 2014.
Croissance en France : plus faible que prévue en 2013, reprise en 2014
La Commission table, pour ce qui concerne la France, sur une croissance de 0,1% en 2013 et un déficit de 3,7% du Produit intérieur brut (PIB). Le gouvernement français attendait cette publication pour abaisser ensuite sa propre prévision de croissance, actuellement de 0,8%.
Le président François Hollande avait confirmé mardi que la France n'atteindrait pas son objectif de 0,8% de croissance en 2013, et indiqué qu'une nouvelle prévision de croissance serait établie "fin mars avec le Haut conseil aux Finances publiques". De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait estimé mardi que la prévision s'établirait autour de 0,2% ou 0,3%, mais avait été démenti par le ministère de l'Economie selon lequel la nouvelle hypothèse n'était "pas encore arrêtée".
Augmentation constante du déficit public
Paris va enregistrer un déficit public de 3,7% en 2013 et de 3,9% l'an prochain, autrement dit, le pays ne rentrera pas dans les clous européens qui lui imposent de ramener son déficit en-deçà de 3% du PIB cette année, selon les prévisions économiques d'hiver de Bruxelles. La faute notamment à une croissance au point mort et à un problème de compétitivité. Cette nouvelle n'est pas une surprise. La France avait pris les devants, en reconnaissant qu'elle ne pourrait tenir l'objectif de 3%. Tout en promettant d'être "le plus près possible", François Hollande a refusé "d'ajouter des mesures aux mesures" pour ne pas "tomber dans l'austérité".
La Commission européenne n'exclut pas de repousser à 2014 l'objectif d'un déficit à 3% pour la France, sous certaines conditions, et examinera cette possibilité au printemps, a affirmé vendredi le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. "Si des événements économiques négatifs et inattendus ayant des conséquences défavorables majeures pour les finances publiques se produisaient, alors le Pacte de stabilité et de croissance permettrait de repousser à 2014 l'échéance pour ramener le déficit nettement en dessous de 3%", a déclaré le commissaire européen.
La question sera abordée en mai, lors de la publication des prévisions économiques de printemps de la Commission, et "après que la France aura présenté ses programmes de stabilité et de réformes qui devraient inclure un examen complet et profond des dépenses publiques", a précisé Olli Rehn. Le dérapage budgétaire de la France interviendra "malgré l'ajustement structurel important, et ceci est principalement dû à des perspectives de croissance faible", a-t-il estimé. L'exécutif européen a donc invité Paris à poursuivre ses efforts, car sa santé économique est "au cœur de la stabilité de toute la zone" euro. Il a toutefois salué les décisions budgétaires prises par Paris et l'accord sur la réforme du marché de travail, signe que "les défis sont relevés".
Aggravation du chômage pour toute l'Europe en 2013
Bruxelles prévoit une aggravation du chômage dans la zone euro cette année. Il devrait dépasser les 12% de la population active, selon les dernières prévisions économiques de la Commission. En 2012, il s'est établi à 11,4% de la population active. Il devrait grimper à 12,2% cette année et se stabiliser à 12,1% en 2014.
Pays par pays, les chiffres sont très contrastés. Le taux de chômage devrait atteindre 27% cette année en Grèce et 26,9% en Espagne, deux pays durement touchés par la crise et les mesures d'austérité. Le chômage sera cette année à 5,7% en Allemagne, 10,7% en France et 11,6% en Italie. Le seul pays à rester en dessous de 5% est l'Autriche, avec un taux de 4,5% prévu en 2013. Bruxelles prévient qu'un taux de chômage "élevé et persistant porte le risque de devenir structurel en raison de la perte de compétences" des salariés sans emploi.
Une reprise attendue finalement pour 2014
Et le PIB de la zone euro devrait reculer de 0,3% cette année, contrairement aux précédentes estimations de la Commission qui tablait sur une croissance au point mort. Bruxelles table cette fois sur une reprise seulement en 2014, avec un PIB en hausse de 1,4%. Sur les 17 pays de l'Union monétaire, seul Chypre, qui attend la mise en place d'un programme d'assistance financière, devrait encore être en récession en 2014, contre sept pays cette année (Grèce, Espagne, Italie, Chypre, Pays-Bas, Portugal et Slovénie). "Le retour de la croissance viendra d'abord de la demande extérieure. L'investissement et la consommation devraient repartir plus tard dans l'année et en 2014, la demande intérieure devrait être le principal vecteur de la croissance", estime la Commission.
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