La viande halal en cinq questions
Marine Le Pen a lancé une polémique, samedi , en affirmant que "l'ensemble de la viande distribuée en Ile-de-France" était "halal". Notre éclairage en cinq réponses sur cette épineuse question.
L'alimentation halal, c'est-à-dire conforme à la religion musulmane, est l'objet de multiples interprétations, y compris politiciennes. Marine Le Pen a lancé une polémique, samedi 18 février, en affirmant que "l'ensemble de la viande distribuée en Ile-de-France était halal". FTVi fait le point.
• Qu'est-ce que la viande "halal" ?
"Halal" signifie "licite" au regard de l'islam. Pour que la viande soit jugée comme telle, l'animal ne doit pas être étourdi (comme cela se pratique dans les pays non-musulmans) mais égorgé vivant, la tête tournée vers la Mecque, pour qu'il se vide de son sang.
Ce terme se distingue de "harâm" (qui signifie "interdit" en arabe). "Harâm" regroupe la viande de porc, y compris la gélatine qui sert par exemple à fabriquer des bonbons, et la viande provenant d'un animal qui n'est pas égorgé vivant.
• Existe-t-il un label "halal" en France ?
La réglementation française prévoit l'étourdissement préalable à l'abattage pour limiter la souffrance des animaux. Une dérogation a été accordée aux abattages rituels israélite et musulman pour lesquels les animaux sont abattus pleinement conscients.
Contrairement aux produits casher, garantis par le Consistoire central des juifs de France, il n'existe pas dans l'Hexagone de label halal, reconnu par l'ensemble de la communauté musulmane, estimée à environ 5 millions de personnes, soit la plus importante d'Europe. C'était pourtant une des missions confiées au Conseil français du culte musulman lors de sa création en 2003. En vain.
• Qui est habilité à produire du halal ?
Dans les faits, trois mosquées - Paris, Lyon, Evry - sont habilitées à délivrer des cartes de sacrificateurs. Mais une multitude d'organismes effectuent des contrôles, notamment dans les abattoirs, avec des méthodes et des définitions du halal différentes. Certaines entreprises sont ainsi "autocertifiées" ou emploient elles-mêmes les contrôleurs, ce que dénoncent plusieurs associations.
Un décret paru le 28 décembre 2011, en application depuis début janvier, prévoit que l'abattage selon le rite halal ne peut avoir lieu que "sur commande, et non de manière mécanique ou systématique". "Cela doit répondre à une commande spécifique", souligne un porte-parole du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.
• Quelle est la proportion de viande halal en France ?
Sur le territoire français, "80% des ovins (moutons), 20% des bovins et 20% des volailles seraient abattus selon le rite halal", affirme un rapport conjoint des ministères de l'Agriculture et de l'Intérieur, datant de septembre 2005.
"Les producteurs d'ovins et de bovins ont un intérêt économique puissant à organiser une complémentarité entre les circuits de distribution classique et halal à partir d'animaux abattus de façon rituelle", constate ce rapport.
Un autre rapport gouvernemental datant de 2008, cité par France 2 dans un reportage d'"Envoyé spécial" du 16 février, précise qu'en moyenne "32% des bêtes abattues en France le sont selon un rite confessionnel" (juif ou musulman). En France, seuls 7% de la population appartiennent à ces confessions religieuses.
• Combien d'abattoirs produisent du halal en Ile-de-France ?
L'Ile-de-France compte cinq abattoirs, selon la Maison de l'élevage (qui regroupe les éleveurs d'Ile-de-France) citée par France 2, dont quatre de mammifères. Trois d'entre eux tuent les bêtes selon le rite musulman, le quatrième étant un abattoir de porcs. Mais les viandes "ne se retrouvent pas toutes dans les circuits halal", affirme l'Oeuvre d'assistance aux bêtes d'abattoir, une association de défense des animaux.
Toutefois, il faut bien distinguer le circuit d'abattage et le circuit de distribution. Le ministère de l'Alimentation assure que la viande distribuée en Ile-de-France n'est en aucun cas exclusivement "halal", comme l'affirme Marine Le Pen. La viande consommée en région parisienne provient en effet majoritairement d'autres régions.
"Les abattoirs d'Ile-de-France sont tout petits, explique un porte-parole. La viande distribuée provient essentiellement du marché de Rungis, où arrivent des viandes qui proviennent d'un peu partout en France".
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