Laurence Parisot dénonce un "racisme" anti-entreprise
Dans un entretien à "L'Express", la patronne des patrons critique vivement le gouvernement et s'inquiète du racisme dont feraient l'objet selon elle les chefs d'entreprises.
POLITIQUE - "L'angoisse des dirigeants d'entreprise est aujourd'hui à son comble. De ma vie, je n'ai observé une telle inquiétude face à l'avenir." Dans une interview à L'Express, la présidente du Medef, Laurence Parisot, s'inquiète du moral des chefs d'entreprise et dénonce le "racisme" dont ils seraient l'objet selon elle.
"Quand le maire de Toulouse ose utiliser l'expression de 'patron voyou', c'est du racisme", s'est-elle exclamée, en allusion aux déclarations du maire socialiste Pierre Cohen. Ce dernier avait dénoncé fin septembre "un comportement de patron voyou", après l'annonce par le groupe pharmaceutique Sanofi d'une réorganisation qui devrait se traduire par la suppression de 900 postes d'ici 2015 en France.
Le gouvernement a été vivement critiqué pour sa réaction après l'annonce en juillet de la suppression de 8 000 postes chez PSA en France. "Il est certain que ce qui a été dit avant l'été de la famille Peugeot marquera pour longtemps tous les chefs d'entreprise français. Chaque patron s'est senti attaqué comme s'il en était un membre", a déclaré Laurence Parisot.
Un climat de fronde des entrepreneurs
Cette sortie de la patronne du Medef intervient alors que le gouvernement doit faire face à une fronde du monde de l'entreprise. Les patrons protestent contre les choix budgétaires de la majorité qui, selon eux, alourdissent leurs charges. Ils se sont rassemblés virtuellement en créant le mouvement des "pigeons", un regroupement d'entrepreneurs en colère, pour dénoncer la nouvelle taxation lors des ventes d'entreprises et la hausse des cotisations pour les auto-entrepreneurs.
Dans la foulée, la CGPME, organisation syndicale qui défend les petites et moyennes entreprises, a lancé une pétition en ligne pour demander au gouvernement de"revenir sur ses projets".
Le gouvernement veut éteindre l'incendie
"S'il y a ici ou là un malaise, s'il y a des questions, notamment chez de jeunes entrepreneurs, ils seront entendus et nous les recevrons, et je les recevrai demain", a déclaré mercredi le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
A l'Assemblée nationale, Pierre Moscovici s'est employé à rassurer."Vous ne nous prendrez pas à défaut en matière d'esprit d'entreprise", a-t-il déclaré à l'adresse de l'opposition. "Il n'y a aucune forme de haine mais au contraire une très grande considération pour ceux qui, dans ce pays, entreprennent au sens fort du terme, innovent, créent des emplois, et non pas ceux qui spéculent ou profitent de la fiscalité pour jouer je ne sais quel mécanisme d'optimisation", a estimé le ministre.
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