"Le cerveau d'Hugo", l'autisme en prime time
Dans le docufiction diffusé ce soir, France 2 fait le point sur les connaissances de ce handicap. Interview avec Vincent Gerhards, président du collectif Autisme.
DOCUMENTAIRE – Mêler réalité et fiction pour comprendre l'autisme, c'est le pari qu'a fait France 2 pour cette soirée. Dans un docufiction, France 2 fait le point sur les connaissances de ce handicap. Hugo est atteint du syndrome d'Asperger, c'est à dire un autiste de "haut niveau". Vincent Gerhards, président du collectif Autisme, qui représente 80% des parents d'enfants autistes et qui participe au débat qui suit la diffusion du docufiction fait le point sur ce handicap.
Francetv info : Ce docufiction décrit-il bien la situation des autistes en France ?
Vincent Gerhards : Tout est dans ce documentaire. Il fait vraiment le tour de la problématique de l'autisme. D'accord, il ne donne la parole qu'à ceux qui sont capables de dialoguer, les autistes Asperger dit "de haut", qui ne représentent que 10 à 15% des autistes en France, mais on voit bien ce qu'est leur vie. Ce qui est dit est d'une grande violence. On sort d'une vision romantique de l'autisme à la Rain Man. C'est une vision réelle, où sont notamment montrées d'un côté la maltraitance dont souffrent les autistes, mais aussi le côté scientifique et les problèmes de connexions dans le cerveau. Quand la science a mis un nom sur ce handicap, en 1943, on parlait déjà d'origines biologiques pour ce handicap, puis la psychanalyse a pris le dessus en disant que c'était dû à une mauvaise relation avec la mère, que l'enfant se refermait sur lui. En France, aujourd'hui, on commence vraiment à prendre en considération ces hypothèses scientifiques de 1943 et montrer les dysfonctionnements du cerveau. Un autiste s'est entendu répondre, par un médecin, qu'Asperger est un mot américain, alors que Hans Asperger est le pédiatre autrichien qui a mis en évidence ce syndrome.
Mais on ne parle pas de 80% des autistes...
Dans ce documentaire, non, effectivement, mais passer comme le film le fait par les autistes de haut niveau est pertinent. Quel que soit leur niveau de handicap, tous les autistes vivent les mêmes choses. Demandez à cent parents d'autistes, vous entendrez cent fois la même histoire. L'impression de solitude des parents face à l'institution, l'absence de réponses des mêmes institutions. Quand on a un enfant autiste, c'est la triple peine : d'abord il faut assumer la présence d'un enfant handicapé alors que le diagnostic arrive tardivement, vers 6 ans en moyenne. Ensuite la cellule familiale est fortement secouée et peut même exploser devant la difficulté à trouver des réponses. Et enfin, la troisième peine : l'argent, car une bonne prise en charge coûte chère. La réponse de l'institution n'est pas adaptée au handicap. Avec la domination de la psychanalyse dans le traitement (ce qui est une spécificité française), l'institution prend très mal en charge les enfants autistes, ils ne progressent pas. La réponse consiste souvent dans un hôpital psychiatrique, ou un établissement où les enfants sont livrés à eux mêmes. Depuis trente ans, certaines méthodes ont fait leur preuves à l'étranger, pourquoi est-ce si difficile de les appliquer en France ? Pour nous, c'est à cause de la prépondérance de la psychanalyse, alors même que la Haute Autorité de Santé recommande les prises en charges éducatives et comportementales (comme la méthode ABA). Des méthodes qui, en plus, coûtent moins cher que l'actuelle prise en charge par le secteur sanitaire.
Est-ce que le regard sur l'autisme change ?
L'autisme est cette année grande cause nationale, donc nous trouvons un écho plus grand. Mais lors du débat, Valentin, autiste de type Asperger, le dit lui même :"Je crains que jamais le regard de la société ne change".
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