Icône du rock français, Daniel Darc a "foutu l'camp"
Le chanteur du groupe Taxi Girl a été retrouvé mort chez lui jeudi après-midi. Il avait 53 ans.
"D'un ventre épais, j'ai foutu l'camp / Un ange déçu, ange de néon / Un ange de plus, ange de néon", chantait Daniel Darc en 2011. L'artiste est mort, jeudi 28 février, dans un appartement du 11e arrondissement de Paris à l'âge de 53 ans. Contactée par francetv info, Sony Music, sa maison de disques, a confirmé l'information révélée par Le Parisien.
Icône torturée du rock et de la new-wave française, l'ancien chanteur du groupe Taxi Girl serait mort d'une surdose d'alcool et de médicaments, selon une source proche de l'enquête. Une autopsie devrait être effectuée durant le week-end.
Révélé avec Taxi Girl
Né en 1959 à Paris, Daniel Darc rejoint Taxi Girl en 1978, alors qu'il est élève au lycée Balzac. Avec ce groupe, il connaît deux ans plus tard son plus grand succès, la chanson Cherchez le garçon. "Ecoulé à 300 000 exemplaires, le single sera l'hymne de l’année 1980", rappelle Libération.
Prisonnier de démons
Très influencé par le mouvement punk, Daniel Darc fait du rock un mode de vie. Amoureux de Johnny Cash, Elvis Presley, John Coltrane et James Dean, il était passionné d'arts martiaux, fasciné par Berlin et le Japon. Et pouvait se montrer extrême : en 1979, en première partie du groupe Talking Heads, il n'hésite pas à se trancher les veines sur scène.
Visage racé, silhouette voûtée et bras entièrement recouverts de tatouages, le chanteur a emprunté des chemins tortueux.
Mort dans sa 54e année, "dont vingt de toxicomanie", Daniel Darc a connu un parcours de galère, d'abus de drogue et d'alcool qui ont abîmé sa santé, rappelle Libération. "Endocardite, staphylocoque doré, pleurésie, septicémie, hépatite, dos cabossé par une chute de moto puis d'une mezzanine...", égrène le quotidien, vendredi.
Le temps du retour et du succès
En 1987, il sort Sous influence divine, réalisé avec une autre figure de la new-wave, Jacno, puis Parce que, en 1988. Longtemps considéré comme un pestiféré par l'industrie du disque, il signe en 2004 un retour foudroyant avec Crève Cœur. L'album est vendu à 60 000 exemplaires et lui vaut, à 45 ans, une Victoire de la musique de l'album révélation de l'année, en 2005.
"Sans le punk et l'écriture, je serais forcément mort ou en prison, parce que rien d'autre ne m'intéresse. Il n'y a qu'avec ça que j'arrive à me débarrasser un peu de tout ce qui me fait chier", confie-t-il alors. Il entretient toujours sa relation avec le drogue : "Quand les gens disent 'problèmes de drogue', je dis 'solutions de drogue'. Sans les drogues, je serais mort depuis longtemps, j'aurais pas pu supporter tout ce qui se passe."
Sa conversion au protestantisme
Cependant, pour tenter de rompre avec ses années d'excès, le chanteur d'origine juive s'était converti au protestantisme. Sa ferveur, qu'il évoquait souvent pendant ses concerts ou en interviews, imprègne ses derniers disques Amours suprêmes (2007) et La Taille de mon âme (2011). Deux albums salués par la critique, sans pour autant connaître le succès de Crève Cœur. Il apparaît même au Collège des Bernardins, à Paris, en décembre 2011, où il mêle musique et spiritualité.
"J'aime la scène mais j'ai super peur, confiait-il en 2012 au Parisien. Sauf que maintenant, je ne dégueule plus avant d'y aller." Il était encore sur scène au printemps dernier, notamment au Printemps de Bourges. Il devait se produire en mars à Chaumont et Ajaccio. "Quand je mourrai, j'irai au paradis / C'est en enfer que j'ai passé ma vie", chantait-il en 2007.
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