Intervention militaire en vue au Mali
Bamako demande à l'ONU une aide militaire internationale dans le nord du pays, contrôlé par des groupes islamistes. La France promet son soutien.
MALI - L'option militaire semble inéluctable. Le président malien et son Premier ministre ont officiellement demandé, dans une lettre au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, une résolution du Conseil de sécurité autorisant "l'intervention d'une force militaire internationale afin d'aider l'armée malienne à reconquérir les régions du Nord occupées".
L'annonce n'a pas été laissée au hasard. Elle a été faite lundi 24 septembre à New York, où une réunion sur le Sahel doit étudier la demande du Mali, mercredi, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Et elle est signée du ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius. Paris fait pression en ce sens. "Nous espérons que la décision sera prise rapidement, a déclaré le chef de la diplomatie, cela fait des mois et des mois qu'on travaille là-dessus, pour la première fois il y a une espérance qui se lève."
Pourquoi intervenir militairement ?
Le Mali est en proie à une situation chaotique depuis le coup d'Etat militaire du 22 mars, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, à Bamako. La rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et les groupes islamistes armés alliés de la branche maghrébine d'Al-Qaïda ont pris le contrôle du nord du pays, réclamant l'indépendance de la région.
Mais les islamistes ont rapidement pris le dessus sur les indépendantistes touareg et les en ont évincés. Les deux groupes ont des objectifs très différents : le MNLA se proclame laïc et veut l'indépendance de la région de l'Azawad (le nord du Mali), alors que les islamistes prônent l'application de la charia (la loi islamique) dans tout le Mali.
Laurent Fabius a tenu à rappeler la position du Quai d'Orsay, selon laquelle la situation dans la région risque de se transformer en "Sahelistan". C'est-à-dire une situation similaire à celle de l'Afghanistan.
Quelle forme prendrait cette intervention militaire ?
Il est exclu que des troupes françaises interviennent au sol, a assuré Laurent Fabius, qui a démenti par ailleurs que des membres des forces spéciales françaises soient déjà en action sur le terrain. "Ce serait une faute d'être en première ligne parce que ce sont les Africains qui doivent régler leurs affaires en Afrique", a-t-il souligné, répétant cependant que la France pourrait avoir un rôle de "facilitateur".
Le Mali et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont en effet trouvé un accord sur les conditions de déploiement d’une force ouest-africaine au Mali, afin de participer à la reconquête du nord du pays.
Laurent Fabius a indiqué cependant que la force qui serait déployée comprendrait bien sûr des soldats du Mali et des pays voisins, mais que d'autres Etats pourraient être sollicités, évoquant "d'autres forces d'appui".
Quelles pourraient en être les conséquences ?
En cas d'intervention ouest-africaine, les indépendantistes touareg du MNLA pourraient s'allier aux "groupes islamistes et terroristes" qui occupent le nord du Mali si un accord n'est pas trouvé avec Bamako, a menacé lundi un des responsables de cette rébellion.
La France est en outre placée dans une situation délicate. Elle doit en effet négocier la libération de ses six otages retenus au Sahel, alors qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a menacé la semaine dernière de tuer ces prisonniers en cas d'intervention dans le nord du Mali, occupé par des groupes islamistes.
"Quand on se réfère à la doctrine de ces groupes intégristes et singulièrement d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), la France est en ligne de mire, a déclaré Laurent Fabius. Donc, même s'il n'y a pas tel ou tel point précis, nous devons être extrêmement vigilants."
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