Ryanair, la compagnie low cost aux pratiques décriées
Le procès de la compagnie aérienne s'ouvre à Aix-en-Provence ce jeudi. Pilotes, syndicats et stewards épinglent ses méthodes.
Ryanair dans le collimateur de la justice. La compagnie low cost comparaît, à partir de jeudi 30 mai, devant le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour avoir enfreint le droit social français sur sa base de l'aéroport de Marseille. La justice française reproche à Ryanair d'avoir déclaré en Irlande une centaine de salariés travaillant à Marignane. De fait, elle n'a pas appliqué la législation française en matière de droit du travail. Syndicats, avocats mais aussi personnel navigant épinglent depuis près de quatre ans les méthodes de la compagnie.
Le droit français nié
Les charges retenues jeudi contre Ryanair sont nombreuses : travail dissimulé, entrave au fonctionnement du comité d'entreprise, à celui des délégués du personnel, à l'exercice du droit syndical, et emploi illicite de personnels navigants. Claire Hocquet, avocate du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), l'une des nombreuses parties civiles de ce procès, revendique "simplement l'application d'une règle européenne, qui désigne la Sécurité sociale française pour les salariés basés à Marseille".
Les syndicats dénoncent eux aussi le modèle social de Ryanair et les méthodes de la compagnie. Cette dernière "interdit d'avoir des syndicats. Dès qu'ils apprennent que vous souhaitez monter une section syndicale, vous êtes systématiquement renvoyé. On est vraiment devant un déni du droit de défense des salariés", critique ainsi Xavier Gauthier, du syndicat national des personnels navigants de cabine (SNPNC), interrogé par France Info.
Un personnel aux conditions de travail précaires
Par conséquent, rares sont les employés de Ryanair qui acceptent de témoigner sur leurs conditions de travail. France Info a réussi à recueillir celui d'un pilote, sous couvert d'anonymat : "On est payé à l'heure de vol. Il n'y a pas d'indemnité maladie ou vacances."
Rien non plus si l'avion est retardé ou annulé. "Nous sommes payés seulement lorsque les roues commencent à bouger, explique une ancienne hôtesse de l'air de la compagnie dans The Independent (en anglais). Je ne gagne pas un centime pour les réunions avant le décollage, les escales, ou quand l'avion est cloué au sol."
"On commence à être payé 45 minutes avant le décollage, mais cela ne suffit pas", poursuit le pilote interrogé par France Info. "Alors on vient plus tôt, gratuitement." Costumes, hôtels en escale ou encore permis de conduire : tout est, là encore, à la charge des employés. "Un vrai cauchemar" pour les salariés, comme le résume l'ex-hôtesse citée par le quotidien britannique.
Des pilotes sous pression
"C'est le régime de la terreur. Terreur à l'emploi, terreur au licenciement", indique encore le syndicaliste. Yves Dehayes, président du syndicat national des pilotes de ligne, explique lui le principe du "palmarès du 'fuel'" imposé aux pilotes. Ceux-ci sont plus ou moins bien traités par la compagnie en fonction de la quantité de carburant dépensé pendant leur vol. L'objectif étant d'en économiser le plus possible.
Mais ces méthodes, en plus de mettre sous pression les pilotes, posent aussi de sérieuses questions sur la sécurité. Ainsi, en août 2012, trois avions de la compagnie Ryanair avaient dû atterrir en urgence car ils n'avaient plus de carburant.
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