Les "voleurs" molestés par des villageois bulgares étaient-ils des espions français ?
Cinq Français ont été blessés mi-octobre par des paysans qui les avaient pris pour des voleurs. Il s'agirait en fait d'agents de la DGSE en entraînement clandestin en Bulgarie.
BULGARIE – L'histoire est digne d'un mauvais film d'espionnage. Trois Français ont été blessés par des villageois en Bulgarie, dans la nuit du 15 au 16 octobre, ont rapporté Le Point et Le Figaro jeudi 1er novembre. Selon les deux journaux, qui reprennent une information du site Infosdéfense, il s'agirait d'agents français de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) qui suivaient un entraînement clandestin. Les services secrets français n'ont ni confirmé ni démenti les faits. Récit en trois actes.
Acte I : cinq Français sont pris pour des voleurs
Cette fameuse nuit du 15 au 16 octobre, les frères Slavi et Vasko Tsonev, du village de Koïlovtsi, près de Pleven, dans le nord de la Bulgarie, décident d'aller surveiller leur champ de luzerne, rapporte Le Figaro. La veille, ils disent avoir vu des Roms rôder autour de leur récolte. Accompagnés d'un ami policier et armés de lattes et d'un pistolet, ils tombent nez-à-nez avec cinq hommes. Une bagarre éclate. Selon Infosdéfense, deux Français sont blessés par balles aux jambes, un autre a le nez cassé. Les deux derniers prennent la fuite.
Acte 2 : un arsenal est découvert dans leur Jeep
Au lever du jour, les villageois découvrent une Jeep appartenant aux cinq intrus. A l'intérieur, un véritable arsenal d'agent secret : "Des cartes de la Bulgarie et de la Roumanie, trois ordinateurs portables, des appareils photo, du matériel de plongée, d’escalade et de parachutisme pour sauter en binôme", énumère Infosdéfense.
L'inquiétude s'empare des habitants et des Bulgares en général. Dans la presse, les cinq mystérieux hommes sont présentés comme, rapporte Le Figaro, "des pilleurs de tombes ou de dangereux terroristes", visant peut-être la centrale nucléaire de Kozlodouï.
Acte 3 : ils se présentent comme des sportifs de l'extrême
Les trois blessés, transportés à l'hôpital, demandent à être mis en contact avec l'ambassade de France. Ils expliquent être des sportifs amateurs de sports extrêmes. Une version confirmée ensuite par les autorités bulgares, qui les présentent comme des touristes égarés. Selon le ministre de l'Intérieur bulgare, Tsvetan Tsvetanov, deux d'entre eux ont sauté en parachute en pleine nuit au-dessus de la Roumanie avant de retrouver près du Danube, en Bulgarie, leurs trois camarades arrivés dans le pays par l'aéroport de Sofia.
Le ministre précise que les cinq hommes sont rentrés en France, après une bonne coopération entre les deux pays sur cette affaire. Selon Infosdéfense, ils ont été exfiltrés le 20 octobre et hospitalisés dans un hôpital militaire parisien. Leur état n'inspire pas d'inquiétude.
Reste que selon plusieurs spécialistes, la version des "sportifs de l'extrême" ne tient pas vraiment. Selon Le Point, "il s'agirait plutôt d'une mission d'entraînement d'agents du service action de la DGSE dont le programme ne s'est pas déroulé comme prévu". Interrogé par l'hebdomadaire le 26 octobre, le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, a balayé la question d'un revers de main. Sans démentir pour autant.
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