Vague d'indignation contre Mango et ses bijoux "style esclave"
La marque de prêt-à-porter espagnole a qualifié ainsi l'une de ses lignes de bijoux en vente sur son site internet. Les associations montent au créneau et une pétition en ligne a été lancée.
Les chaînes que portaient les esclaves, une source d’inspiration pour Mango ? La marque de prêt-à-porter espagnole a en tout cas mis en vente sur son site internet français des colliers et des bracelets un temps présentés avec le qualificatif "style esclave", avant que ce dernier ne soit retiré. Cette référence a provoqué une vague de critiques durant le week-end des 2 et 3 mars.
Indignation et pétition en ligne
Choquées, les comédiennes Aïssa Maïga et Sonia Rolland ainsi que l’éditorialiste télé et radio Rokhaya Diallo ont lancé une pétition en ligne pour demander le retrait de la collection controversée. "L'esclavage n'est pas un 'style' pour fashionistas en mal de sensations fortes, ni un créneau commercial. C'est un drame dont il faut respecter la gravité", écrivent-elles.
"Ces bijoux formés de chaînes sont censés faire de l'esclavage un objet de fantaisie et de mode", s'indignent les auteurs de la pétition adressée au service de communication et relations clientèle de Mango. "En réduisant ce crime contre l'humanité à un ornement décoratif, Mango manque gravement à l'éthique qu'une telle marque devrait défendre", ajoute-t-ils. Lundi à 13h30, la pétition comptait 2 959 signatures.
Sur Twitter, les internautes font part de leur indignation avec le hashtag #BoycottonsMango :
Un peuple a souffert Pdt des décennies pour avoir leur liberté, en 2013 on en fait un effet de mode #BoycottonsMango
— مها (@MahaChiraz) 4 mars 2013
#BoycottonsMango Car on doit pas touchés à ceux qui appartenait à nos ancêtres !
— →DEMULAYii TWiiNS←™ (@ManyBaby243) 4 mars 2013
La marque est aussi prise à partie sur sa page Facebook. "Une ligne de bijoux style 'esclave' ? Pourquoi pas une collection de pyjamas style 'Auschwitz' ?", s'interroge ainsi une internaute.
Les associations montent au créneau
Deux organisations antiracistes, SOS Racisme et le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), ont à leur tour dénoncé cette gamme de bijoux. Pour SOS Racisme, "il s'agit soit d'un manque de culture coupable, soit d'une démarche indigne et perverse réduisant à une appellation design et mode ce qui relève d'un crime contre l'humanité, reconnu depuis 2001 en France par la loi".
Dans un communiqué, le Cran écrit lui son "indignation face à cette série de bijoux, qui visent à donner une vision élégante et colonialiste à un phénomène qui a fait le malheur de dizaines de millions d'êtres humains pendant près de quatre siècles". Les deux organisations exigent que les produits incriminés soient retirés de la vente.
Mango plaide l'erreur de traduction
Pour l'instant, Mango a uniquement réagi sur son compte Twitter, évoquant une erreur de traduction.
@deejaydie94nous regrettons l'erreur de traduction. Les services correspondants sontprévenus et effectueront la correction immédiatement.
— MANGO (@Mango) 4 mars 2013
En espagnol, le terme "esclava", qui peut se traduire par "esclave", désigne aussi une gourmette ou une chaînette. La version anglaise du site parle elle de "woven bracelet", ou bracelet tissé. La mention "esclave" a été retirée de la page de présentation des bijoux, lundi dans la journée, et remplacée par l'expression "colliers à chaînons".
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