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Météo : les prévisions d'été pourri n'ont "aucune valeur scientifique"

Des prévisionnistes nous promettent une saison estivale maussade. Mais les spécialistes de Météo France estiment que ces prévisions à long terme sont parfaitement fantaisistes.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
A Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), le 21 mai 2013. (GAIZKA IROZ / AFP)

Après un hiver rude, un printemps maussade et frisquet, va-t-on vivre un été "frais et humide" ? C'est en tout cas ce qu'ont annoncé, jeudi 27 mai, les prévisionnistes de Météo Consult qui s'attendent à un "été pourri".  C'est aussi ce que redoute le spécialiste météo d'Europe 1, Laurent Cabrol, qui évoque une "année sans été". Les prévisions de Météo Consult font froid dans le dos : selon elles, il y a 70% de chances que notre été soit pourri. Un triste présage, relayé par Le Figaro, Le Parisien ou encore 20 Minutes.

Comment Météo Consut a-t-il obtenu ce pourcentage ? "En sélectionnant les printemps les plus maussades sur une très longue période, on s'aperçoit que l'été ne bascule que rarement dans la chaleur (dans moins de 10% des cas), mais plus souvent dans les 'frais et humide' (70% des cas)", explique à francetv info Eric Mas, directeur technique de Météo Consult. Toutefois, il nuance le scénario catastrophe : "C'est un simple constat, qui est instructif. Il n'est pas interdit d’espérer mieux pour cet été..."  

1983 : un printemps calamiteux et un été... caniculaire 

Peut-on prévoir le temps qu'il fera la saison prochaine sur la base d'une moyenne statistique ? Pour d'autres spécialistes, la réponse est "non". "Même si les statistiques rentrent en compte dans la climatologie, on ne peut pas se baser sur ça, estime Philippe Verdier, responsable du service météo de France 2. Donc restons prudents. Aura-t-on un été pourri ? La réponse n'existe pas à l'heure actuelle, ou alors c'est de l'ordre du pari." Est-il pertinent de mettre en relation un printemps maussade avec un été pourri ? "C'est de la loterie", pour Philippe Verdier, qui cite l'année 1983 : "Cette année-là, on a eu la même configuration qu'aujourd'hui, c'est-à-dire un printemps frais, avec des inondations. Puis l'été a été caniculaire."

Même conclusion chez Météo France. L'institut de prévisions météorologiques s'est même fendu d'un bulletin d'information au ton acide, dimanche 2 juin. "Ces 'prévisions' reprises telles quelles par de nombreux journaux n'ont pratiquement aucune valeur scientifique. Plusieurs d'entre elles sont basées sur une soi-disant corrélation entre 'printemps pourri' et 'éte pourri'. Une telle corrélation n'existe tout simplement pas." Et Météo France enfonce le clou : "Pour ce qui nous intéresse, le vrai scoop c'est de dire haut et fort que nous ne savons pas encore le temps qu'il fera cet été, tous les cas de figure sont encore possibles (bel été, été moyen et même... été 'pourri')."

"Impossible de prévoir au-delà de 8 à 10 jours"

"Actuellement, on peut avoir quelques indications sur le mois de juin", précise le responsable du service météo de France 2. "Mais il est impossible de dire le temps qu'il fera pour le 14 juillet ou le 15 août. Malgré toutes nos connaissances actuelles et malgré les technologies à notre disposition, nous ne pouvons faire des prévisions au-delà de 8 à 10 jours", explique Philippe Verdier. 

Alors pourquoi un tel emballement autour des ces prévisions remises en cause par les spécialistes ? Le "tunnel" de mauvais temps que nous avons traversé n'y est pas pour rien. Les journalistes, comme tout le monde, sont particulièrement attentifs à la moindre nouvelle du ciel. "Nous sommes extrêmement sollicités, tant par les internautes, par nos clients que par les médias, confirme Météo Consult. On reçoit des e-mails de personnes qui posent toujours la même question : 'Quand verrons-nous le soleil ?'"

"Il y a un grand stress lié à la météo, les gens sont à cran car il fait mauvais temps depuis longtemps et certains vendent de la météo en utilisant les techniques de marketing", indique Philippe Verdier. A cela s'ajoute la préoccupation des vacances : avec la crise économique, il ne faut pas se tromper dans le choix de la destination et dans l'hébergement. Rien de pire que le camping sous des trombes d'eau...

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